À moins d'une réduction importante de leur production, les pays membres de l'OPEP ne réussiront pas à renverser la tendance à la baisse des prix du pétrole.

À moins d'une réduction importante de leur production, les pays membres de l'OPEP ne réussiront pas à renverser la tendance à la baisse des prix du pétrole.

«Une réduction de 2 millions ou de 2,5 millions de barils par jour pourrait avoir un impact sur le prix, estime Mathieu d'Anjou, économiste du Mouvement Desjardins. Mais si c'est moins, ce ne sera pas suffisant pour contrebalancer toutes les craintes par rapport au ralentissement économique mondial.»

Les 13 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont réunis d'urgence aujourd'hui pour s'entendre sur une réduction de leur production qui pourrait mettre un terme à la dégringolade des prix du pétrole. Ensemble, les membres de l'OPEP produisent 40% de tout le pétrole consommé dans le monde.

Déjà, les marchés ont anticipé une réduction de la production d'environ 1 million de barils par jour, estime l'économiste de Desjardins. C'est la raison pour laquelle le brut a fini la journée en hausse de 1,09$US hier, à 67,84$US. Toute réduction égale ou inférieure à un million de barils n'aura donc probablement aucun effet sur les prix, selon lui.

À son arrivée à Vienne en Autriche, où se trouve le siège social de l'organisation, le président de l'OPEP, Chakbib Khelil, a confirmé que la production serait réduite. «Nous devons vraiment calibrer notre décision, sans aller trop loin, ni dans un sens, ni dans l'autre», a-t-il dit à l'AFP.

L'OPEP doit en effet viser juste. Une réduction trop modeste ne réussira pas à stopper la baisse des prix et une réduction trop importante pourrait amplifier le ralentissement économique mondial et avoir l'effet inverse de ce que souhaitent les membres de l'OPEP.

Si l'OPEP s'entend sur une réduction significative, le prix du brut se stabilisera, prévoit l'économiste de Desjardins. À condition toutefois que les pays producteurs mettent en oeuvre ce qu'ils auront décidé. «On n'est jamais certains que les pays vont faire ce qu'ils disent», explique Mathieu d'Anjou.

Historiquement, l'Arabie Saoudite, le pays qui dispose des plus importantes réserves de pétrole, est toujours le moins disposé à réduire sa production pour raffermir les prix. Selon lui, les chances sont minces que des pays producteurs de pétrole, mais non membres de l'OPEP, se joignent au cartel pour l'aider à renverser la vapeur.

Si la réduction de l'offre de pétrole est suffisante, soit entre 2 et 2,5 millions de barils par jour, «ça va aider à stabiliser le marché», dit l'économiste.

Selon Desjardins, l'offre de pétrole est supérieure à la demande sur le marché international depuis le printemps dernier et les prix records de l'été dernier étaient une anomalie due à la spéculation. Une hausse de production de 500 000 barils par jour par l'Arabie Saoudite n'avait d'ailleurs pas empêché les prix de continuer à grimper jusqu'à atteindre 147,50$US en juillet.

Cette flambée des prix a eu l'effet prévu. Les Américains, les plus importants consommateurs de pétrole au monde, ont donné un coup de frein. Selon le ministère américain de l'Énergie, les ventes d'essence sont en baisse de 4,3% par rapport à la même période l'an dernier, la consommation de diesel et de mazout est en baisse de 5,8% et celle de carburéacteur de 9,2%.

La crise financière a aussi contribué à faire baisser le prix du pétrole. «Chez les investisseurs, l'aversion au risque est devenue très forte, ce qui ne joue pas en faveur du pétrole et des autres matières premières, qui sont considérés comme plus risqués», explique Mathieu d'Anjou.

Si l'OPEP réussit à arrêter la dégringolade du prix du pétrole, celles du dollar canadien et de la Bourse de Toronto pourraient être stoppées aussi, croit l'économiste. «Ça va donner une chance au dollar et à la Bourse canadienne», dit-il.

À court terme, toutefois, Desjardins croit que le ralentissement économique mondial maintiendra le prix du pétrole relativement bas, au moins jusqu'à la fin de 2009. Le dollar canadien, selon ce scénario, pourrait retrouver la parité avec le dollar américain en 2010, pas avant.