Une autre journée de négociations s'est terminée hier à Washington sans que Wall Street ait obtenu son plan de sauvetage. Les démocrates et les républicains ont toutefois espoir de s'entendre au cours du week-end.

Une autre journée de négociations s'est terminée hier à Washington sans que Wall Street ait obtenu son plan de sauvetage. Les démocrates et les républicains ont toutefois espoir de s'entendre au cours du week-end.

«Le processus législatif n'est pas toujours très beau, mais nous aurons un plan de sauvetage bientôt. Nous allons être à la hauteur de la situation», a dit le président George W. Bush hier en fin d'après-midi.

Après sept jours de négociations, démocrates et républicains ont convenu de reprendre leurs discussions ce matin. Jeudi, les élus républicains de la Chambre des représentants ont fait dérailler l'entente de principe intervenue entre la Maison-Blanche, les démocrates et les membres républicains du Sénat.

Le gouvernement aurait alors mis 700 milliards US à la disposition des banques afin qu'elles renflouent leurs finances affectées par les titres hypothécaires à risque. Le gouvernement aurait revendu ces titres une fois la crise terminée ou aurait été compensé par des actions des institutions financières. La dernière version du plan plafonnait aussi la rémunération des chefs d'entreprise des institutions financières.

Adeptes du libre marché, les élus républicains de la Chambre des représentants ne veulent pas accorder d'aide directe à Wall Street. Ils proposent plutôt la création d'une caisse d'assurance sur les hypothèques à risque. La caisse serait gérée par le gouvernement, mais financée par les banques, et non par les contribuables.

Le coût de la caisse d'assurance des républicains serait moins élevé que les 700 milliards US demandés par le secrétaire au Trésor Henry Paulson, qui tente de convaincre le Congrès de financer son plan depuis une semaine. Selon le Washington Post, Paulson aurait indiqué en privé son opposition à la création d'une caisse d'assurance.

«Un gros problème»

Malgré sa réputation de conservateur au plan économique, le président Bush a été incapable jusqu'ici de convaincre son aile conservatrice à la Chambre des représentants d'appuyer son plan de sauvetage de 700 milliards US. «C'est un gros plan, mais la seule raison pour laquelle le plan est si gros est que nous avons un gros problème», a-t-il dit hier.

Un gros problème qui doit être réglé au plus vite, ajoute l'économiste Francis Généreux du Mouvement Desjardins. «Le plus important, c'est de trouver une solution rapidement, dit-il. Il est préférable de trouver un terrain d'entente ce week-end afin de calmer les marchés financiers qui ont été fébriles toute la semaine.»

Des deux propositions sur la table, l'économiste du Mouvement Desjardins préfère le plan Paulson à la caisse d'assurance des républicains. «Le plan Paulson règle le principal problème à court terme: les banques n'ont plus confiance entre elles et elles refusent de se prêter de l'argent, dit Francis Généreux. Si les banques arrêtent les prêts, toutes les industries aux États-Unis qui dépendent du crédit seront en danger.»

Le plan du secrétaire au Trésor Henry Paulson n'a toutefois pas la cote auprès des électeurs américains, qui seront appelés aux urnes le 4 novembre prochain afin de choisir leur prochain président, 35 des 100 membres du Sénat ainsi que les 536 membres de la Chambre des représentants. Selon un sondage d'Associated Press rendu public hier, seulement 30% des Américains sont favorables au plan Paulson.

Même si les sondages leur donnent raison, les élus républicains opposés au plan de sauvetage de l'administration Bush se retrouvent isolés à Washington. Hier, ils ont été accusés par leurs collègues démocrates d'être à la solde de John McCain, qui n'a pas donné son accord au plan Paulson.

Mercredi, le sénateur de l'Arizona a interrompu sa campagne présidentielle afin de rentrer d'urgence à Washington pour trouver une solution à la crise financière. Plusieurs démocrates considèrent que ce coup de théâtre de John McCain, qui a la réputation d'être conservateur au plan économique, a nui aux négociations. Le candidat républicain à la présidence a quitté la capitale américaine hier après-midi pour le Mississippi, où il a participé au premier débat contre Barack Obama en soirée. «Maintenant que le sénateur McCain est sain et sauf au Mississippi, nous pouvons enfin reprendre le travail sérieux», a déclaré Barney Frank, un représentant démocrate du Massachusetts.

Trouver un moyen de s'entendre

Malgré leur frustration, les leaders démocrates du Congrès devront trouver un moyen de s'entendre avec les élus républicains. Même si les démocrates sont majoritaires à la Chambre des représentants, le plan Paulson ne fait pas l'unanimité au sein de leur caucus. «Nous n'avons pas les votes (sans les républicains)», a confirmé la démocrate Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, hier en fin d'après-midi.

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Quelque 700 milliards de dollars américains: c'est la somme mise sur la table par le gouvernement américain pour son plan de sauvetage de Wall Street. Il s'agit de comparer cette somme pour en mesurer toute l'ampleur.

686 milliards: Coût total de la guerre du Vietnam (en dollars courants)

648 milliards: Coût de la guerre en Irak depuis 2003, en comptant les demandes budgétaires pour 2009

492 milliards: Total de la dette nette du gouvernement fédéral canadien au 31 mars 2007

110 milliards: Coût approximatif du programme d'exploration lunaire Apollo (en dollars courants) dans les années 60 et 70

Note: Toutes les sommes sont en dollars américains

Sources: USA Today, Statistique Canada, NASA