Les principales institutions financières d'ici semblent à l'abri de pertes importantes qui découleraient de l'immense fraude de 50 milliards US des fonds spéculatifs Madoff, à New York.

Les principales institutions financières d'ici semblent à l'abri de pertes importantes qui découleraient de l'immense fraude de 50 milliards US des fonds spéculatifs Madoff, à New York.

Et ce, même si les pertes reliées à cette fraude présumée sans précédent dans l'histoire financière américaine s'étendent sur toute la planète bancaire, à coups de centaines de millions de dollars.

Au Québec, les trois plus grandes institutions financières - la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins et la Caisse de dépôt et placement - affirment n'avoir pas de risque de placement connu dans les fonds Madoff.

«Nous ne sommes pas exposés à ces fonds», a indiqué le porte-parole de Desjardins, André Chapleau.

À la Banque Nationale, «ni la banque ni ses filiales n'ont de positions (placements) dans les fonds Madoff», a déclaré Marie-Claude Lavigne, porte-parole médiatique de la Nationale.

Quant à la Caisse de dépôt, «la réponse à votre question est non», a-t-on d'abord indiqué en mi-journée hier à une demande d'informations de La Presse.

Mais par la suite, le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon, a admis que la Caisse effectuait une vérification spéciale de fonds institutionnels où elle est investie et qui, eux, pourraient avoir des placements dans des fonds Madoff.

Selon M. Chagnon, si cet examen devait révéler un impact indirect pour la Caisse, «il serait dérisoire, de moins de cinq millions de dollars».

50 millions chez RBC

Pendant ce temps, du côté de Toronto, seule la plus grande banque canadienne, la Royale, a admis jusqu'à maintenant avoir «environ 50 millions» à risque parmi les capitaux de ses clients investis dans des fonds spéculatifs.

Jusqu'à son repli de ce secteur, la Royale a été la banque canadienne la plus impliquée dans ce marché, jusqu'à hauteur de plusieurs milliards de dollars.

Pour leur part, les autres banques et les grandes sociétés d'assurance, devenues considérables en gestion de placements, sont demeurées discrètes.

En Bourse, toutefois, les investisseurs ont manifesté leur inquiétude face à cet autre risque de pertes dans le milieu financier au Canada, qui découleraient d'une autre secousse venue du sud de la frontière.

D'autant que cette fraude des fonds spéculatifs Madoff survient au terme de quelques trimestres de crise extrêmement coûteux pour les banques et les entreprises financières.

Par conséquent, hier, les investisseurs boursiers ont encore laissé choir les titres de ces entreprises qui comptent parmi les plus fortes capitalisations à la Bourse de Toronto.

L'indice sectoriel du secteur financier a reculé de 2,3%, une baisse quatre fois plus prononcée que celle de 0,6% de l'indice de marché S&P/TSX.

«Il y a encore un manque de confiance des investisseurs envers le secteur financier» a résumé Ian Nakamoto, directeur de recherche chez le courtier MacDougall, MacDougall&MacTier.

Parmi les titres les plus affectés, la Banque de Montréal (BMO) a reculé de 3% à 32,57$, la Financière Manuvie a reculé de 4,4% à 20,31$ et la Financière Power, de 3,3% à 21,70$.

Toutefois, c'est la Banque Nationale qui a subi la pire gifle boursière de la journée, hier, parmi les entreprises financières.

Ses actions ont reculé fortement de 7% à 28,32$, alors que les investisseurs ont renoué avec leur crainte d'un échec de la restructuration du papier commercial (PCAA).

Cette restructuration de 32 milliards en titres de dette figés depuis 15 mois est censée se conclure d'une journée à l'autre, mais après de nombreux délais juridiques et financiers.

À elle seule, la Banque Nationale détient encore pour 2,2 milliards de PCAA en crise. Son président, Louis Vachon, admettait récemment qu'un échec de la restructuration, encore improbable selon lui, pourrait coûter près de 700 millions en dépréciation additionnelle pour la Nationale.

«L'incertitude envers une solution prochaine de la crise des PCAA pèse encore sur le secteur financier canadien. Et là, elle pourrait être accentuée avec cette histoire des fonds Madoff, même si son impact sur les banques demeure très imprécis», a commenté Gareth Watson, directeur adjoint chez le courtier ScotiaMcLeod, une filiale de la Banque Scotia.

Avec Bloomberg et The Canadian Press