Le PDG de Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, est comme ses clients: pressé. Pressé de devancer ses concurrents.

Le PDG de Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, est comme ses clients: pressé. Pressé de devancer ses concurrents.

Pressé de faire des acquisitions. Pressé de développer son empire mondial de 8500 dépanneurs, qui a commencé par un premier dépanneur à Laval en 1980.

Même si son temps est compté, M. Bouchard a généreusement accepté de répondre aux questions de nos lecteurs.

Q Je reviens d'un séjour à Hong Kong et j'ai remarqué la présence de nombreux dépanneurs 7-Eleven. Couche-Tard a-t-il des projets d'expansion en Asie? - Hugues Sapin

R Je suis déçu que vous n'ayez pas remarqué nos dépanneurs, qui portent la marque Circle K.

Nous en avons environ 300 à Hong Kong et 3500 en Asie. Nos dépanneurs sont même deux fois plus rentables que ceux de 7-Eleven, qui a axé sa stratégie sur l'implantation d'un plus grand nombre de dépanneurs.

Mais les nôtres sont grands et modernes. On vend beaucoup de produits chauffés à la vapeur et des oeufs cuits dans un bouillon de thé. Habituellement ça sent le diable quand vous rentrez! Sauf chez nous, car nos équipements permettent de recycler les mauvaises odeurs...

Q Couche-Tard réussira-t-il à devenir le numéro un des dépanneurs en Amérique du Nord à court terme? - Olivier Michaud

R Nous sommes déjà numéro un, en quelque sorte. 7-Eleven a 2000 dépanneurs de plus que nous, mais nous avons fait plus de profits qu'eux l'an dernier (160 millions contre 120 millions).

Quant au nombre de dépanneurs en Amérique du Nord, nous espérons combler notre écart avec 7-Eleven d'ici deux ans.

Q D'où proviendra la croissance de Couche-Tard au cours des cinq prochaines années?- André Paquette

R En grande majorité des États-Unis. J'aimerais éventuellement passer de 3000 à 15 000 dépanneurs aux États-Unis, mais je doute que ça se fasse durant mon mandat.

Les États-Unis sont un marché très fragmenté de 145 000 dépanneurs où il y a encore beaucoup de place pour nous. Il y a 20 ans, les pétrolières ont voulu prendre d'assaut ce marché. Elles se retirent graduellement car leurs coûts d'opération sont beaucoup plus élevés que les nôtres.

Elles ont eu de la difficulté à se concentrer sur les détails du commerce au détail. Elles préfèrent faire des tonnes d'argent dans la production de pétrole et le raffinage.

Q Quels sont les trois défis les plus importants que vous avez dû relever au cours de votre carrière?- Alain Gignac

R Premièrement, trouver une équipe solide et compétente pour gérer notre expansion. L'expansion elle-même a aussi été un défi important.

Nous avons décidé de procéder à une diversification géographique au lieu d'une intégration verticale au Québec, ce qui aurait signifié l'achat de producteurs de biens et de pétrolières. Notre stratégie de diversification géographique nous a bien servis.

Finalement, nous avons dû nous adapter lorsque les épiceries ont décidé d'ouvrir leurs portes tous les soirs. Certaines personnes prédisaient alors la fin des dépanneurs. Mais nous avons mis l'accent sur nos forces: la proximité et la rapidité.

Q Le Québec éprouve-t-il des difficultés économiques en raison de la présence des pays émergents?- Vincent Bourque

R Les pays émergents représentent un grand défi. La pression est énorme pour les manufacturiers. Nous avons des entreprises dans le sud de la Chine et leur capacité de production est absolument phénoménale.

En même temps, les produits à faible coût qui viennent d'Asie ont permis à l'Amérique du Nord et à l'Europe de maintenir un taux d'inflation très bas. Une partie de notre croissance économique est liée au développement de la Chine. Il y a toujours deux côtés à une médaille.

Le Québec fera encore face à de grands défis en raison de la présence des pays émergents, mais nous y sommes bien préparés en raison de notre capacité d'innovation et de notre créativité.

Notre personnalité du monde des affaires la semaine prochaine: le PDG de Garda World, Stéphan Crétier. Pour soumettre une question à M. Crétier, consulter le site LaPresseAffaires.com ou écrivez-nous par courriel à l'adresse suivante: vpouliot@lapresse.ca