Des Air Miles en garde partagée

Avec plus de 7 000 points Air Miles, Claire Rémillard aurait pu s'offrir un cinéma-maison. Elle aurait eu droit de pomper près de 825$ de carburant dans une station-service. Elle aurait pu obtenir un billet d'avion aller-retour vers l'Europe.

Avec plus de 7 000 points Air Miles, Claire Rémillard aurait pu s'offrir un cinéma-maison. Elle aurait eu droit de pomper près de 825$ de carburant dans une station-service. Elle aurait pu obtenir un billet d'avion aller-retour vers l'Europe.

Mais tous ses points se sont envolés...

Mme Rémillard accumule des Air Miles à l'aide de sa carte de crédit MasterCard de la Banque de Montréal depuis plus de 10 ans. À la demande de La Presse/Affaires, la Banque a clairement établi qu'elle a engrangé 7188 points depuis 1997. Ses systèmes ne lui permettent pas de remonter jusqu'en 1995, date à laquelle Mme Rémillard a adhéré à Air Miles.

La dame ne recevait pas de relevés d'Air Miles. Mais sur les relevés de sa carte de crédit, elle voyait qu'elle accumulait une centaine de points par mois. Ce n'est qu'en février dernier qu'elle a vérifié dans son compte Air Miles: Il n'y avait que 171 points!

Mme Rémillard a téléphoné à Air Miles. On lui a appris que les Air Miles accumulés avec sa carte de crédit étaient aiguillés vers le compte Air Miles de l'homme qu'elle fréquentait il y a 12 ans. Ils n'étaient pas mariés. Ils ne vivaient même pas ensemble. Mais ils avaient ouvert un compte Air Miles conjoint en 1995.

«Pour corriger la situation, on m'a dit de communiquer avec mon ex-conjoint pour lui demander d'écrire une lettre afin que mes points soient transférés à mon compte», rapporte-t-elle.

Elle a rejoint son ex-conjoint. Il a écrit une lettre demandant de rendre à Mme Rémillard les Air Miles qui lui était dus. Mais rien n'a bougé.

Un mois plus tard, Mme Rémillard a rappelé Air Miles. Un superviseur lui a indiqué que son conjoint devait préciser le nombre exact de points à transférer. En fait, Air Miles est incapable de départager les points accumulés par chacun des conjoints.

Mme Rémillard a rappelé son ex-conjoint. Mais dans l'intervalle, il a vidé son compte Air Miles. Il avait 11 000 points en février. Il en a utilisé 7 900. Il n'en reste plus que 3 100... qu'il a offerts à Mme Rémillard.

Mais elle est ulcérée. Elle veut ravoir ses Air Miles au complet.

«Air Miles ne me semble pas être d'une très grande diligence. Ils auraient pu geler le compte en attendant que le litige se règle. Si c'est un compte conjoint, je devrais avoir mon mot à dire moi aussi! Ai-je des recours?», se demande-t-elle.

Air Miles juge que la question ne la concerne pas. «C'est une affaire personnelle qu'elle doit régler avec son ex-conjoint», dit Perry Schwartz, directeur des relations publiques.

En cas de séparation ou de divorce, les ex-conjoints doivent s'entendre entre eux sur la séparation des points, comme pour n'importe quel autre actif (maison, auto, compte bancaire), a-t-il expliqué à La Presse Affaires.

Mais Mme Rémillard rejette le blâme sur Air Miles qui, selon elle, a attribué par erreur les points à son ex-conjoint.

«Il n'est pas possible que les comptes aient été liés automatiquement. Ça ne fonctionnement pas comme cela», rétorque M. Schwartz. Il considère que Mme Rémillard a forcément donné des instructions pour que les Air Miles accumulés sur sa carte de crédit soient versés dans le compte de son ex.

C'est aussi l'avis de la Banque de Montréal. «On peut juste déduire qu'elle a nous a donné le numéro de compte Air Miles conjoint», dit la porte-parole, Lucie Gosselin.

Mme Rémillard est convaincue du contraire. Elle a sa carte de crédit depuis 1983. Elle ne se souvient pas d'avoir fourni un numéro de compte Air Miles. Elle croit que le lien s'est fait tout seul vers le compte Air Miles de son ex où figurait son nom, plutôt que vers son propre compte Air Miles à elle toute seule.

Mystère...

Mais quoiqu'il en soit, Mme Rémillard devra se débrouiller avec son ex-conjoint pour qu'il lui rende ses Air Miles, ou l'équivalent en argent.

«Les comptes conjoints, c'est fini pour la vie!», jure Mme Rémillard. Sa mésaventure prouve qu'il faut vraiment penser à tout, en cas de rupture... même aux Air Miles en garde partagée!

C'est aussi vrai en cas de décès. La succession ne doit pas oublier de réclamer les points accumulés dans les différents systèmes de fidélisation, et qui représentent parfois de montants importants.

Heureusement, les Air Miles n'expirent jamais. «Ils restent stagnants tant et aussi longtemps que personne ne les réclame», précise M. Schwartz.

Ce n'est pas le cas partout. Aéroplan a justement une nouvelle politique à cet égard.

«À compter du 1er juillet 2007, le millage expirera dans le cas des comptes qui n'auront eu ni accumulation ni échange au cours des 12 mois antérieurs», peut-on lire sur le site web. Auparavant, les miles disparaissaient dans les comptes inactifs pendant trois ans.

Ce n'est pas tout. Depuis janvier 2007, les milles accumulés doivent être échangés au cours des sept années qui suivant la date d'accumulation.

Alors, n'attendez pas une éternité!