Les réjouissances sont de trop courte durée! Les bonnes nouvelles économiques de la fin de 2006 pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean sont assombries par les prévisions de la prochaine année dans l'industrie forestière.

Les réjouissances sont de trop courte durée! Les bonnes nouvelles économiques de la fin de 2006 pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean sont assombries par les prévisions de la prochaine année dans l'industrie forestière.

Cela n'est toutefois pas nouveau, puisque tous s'attendent à ce que 2007 soit l'année de tous les dangers dans la forêt québécoise. Après les emplois perdus - 10 000 en Ontario et au Québec dont quelque 2000 dans la région - les travailleurs, les villages et villes, ainsi que les élus feront face à des choix déchirants et profondément déterminants pour leur avenir.

Dans le bilan de la Presse canadienne, relayé mercredi par les médias québécois, des spécialistes annoncent d'autres graves difficultés, même si «le fond du baril a été atteint».

Évidemment, l'industrie soutient que le statu quo ne tiendra pas le coup face au marché en débandade. Principalement, la vigueur du dollar canadien et le coût de production nuiraient encore aux exportations.

Survie des villages

Au-delà des emplois, une région comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean subira des secousses (et des répliques) d'une rare intensité au cours de la prochaine année, qui mettra assurément à mal l'harmonie régionale. Le bal est déjà parti: des villages ont vu le contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier (CAAF) attaché à leur usine transféré à leur voisin pour sauver une usine.

Le principe de l'appartenance d'une forêt à un village ou à une ville disparaît donc dangereusement. Soit, il sert les intérêts de l'industrie en lui permettant d'aménager de méga-usines rentables, mais il dessert malheureusement les autres qui verront leur bois leur passer sous le nez.

Le maire de Saint-Prime, Bernard Généreux, qui a lui-même perdu une usine de transformation (IBL) et un équipementier (Tanguay) n'a pas mâché ses mots après l'adoption de la loi 49. À titre de président de la Fédération québécoise des municipalités comprend mal que les intérêts du milieu municipal n'aient pas été pris en compte.

Il s'agit d'un dilemme embarrassant pour la région, puisque qu'il y aura des gagnants et des perdants. Il y aura surtout un gagnant, qui sera l'industrie. Pour les perdants, les lendemains risquent d'être pénibles; plusieurs villages vivent d'une économie mono-industrielle. Les dommages collatéraux de la loi 49 modifiant la Loi sur les forêts ont été mal digérés dans les villages et ne passent pas du tout dans les villes.

Saint-Félicien incarne la résistance qui est en train de s'organiser un peu partout au Québec. Son maire, Gilles Potvin, ancien directeur du Centre local de développement, prend l'industrie de front, l'accusant de ne pas avoir fait ses devoirs et, surtout, d'avoir négligé au cours des dernières décennies le bien des communautés.

Un plan s.v.p!

Les Félicinois sont menacés de perdre un CAAF de 575 000 mètres cubes à la faveur de Mistassini, où Bowater veut sauver ses billes en créant une super usine de 1,3 million de mètres cubes. Girardville a déjà fait les frais de la réorganisation, perdant le sien de 97 000 mètres cubes. En retour, Saint-Félicien verra réduire sa vocation au séchage.

Il s'agit du côté sombre de l'affaire; les décisions se prendront toujours au détriment d'une communauté et de ses membres. La région veut bien participer au redressement de l'industrie et être généreuse, comme elle l'est pour l'aluminium, mais l'absence d'un plan global avec un horizon précis fait douter de la faisabilité. L'industrie est tellement en demande, qu'on se demande s'il y a une fin.

Le contexte commande peut-être que la région appuie sur l'accélérateur afin de donner une plus grande valeur ajoutée à son bois, plutôt que l'exporter en pâte, en copeaux ou en madriers!