L'épicier Metro (T.MRU.A) regarde désormais vers l'Ouest du Canada, en vue d'une acquisition qui lui donnerait une envergure véritablement nationale.

L'épicier Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]] regarde désormais vers l'Ouest du Canada, en vue d'une acquisition qui lui donnerait une envergure véritablement nationale.

C'est du moins ce que croient différents experts, après que le grand patron Pierre H. Lessard eut ouvert la porte à un nouvel achat lors de l'assemblée des actionnaires, la semaine dernière.

«La direction de Metro est déterminée à devenir un joueur national, estime Michael Van Aelst, analyste chez TD Newcrest. Pour ça, une acquisition dans l'Ouest canadien est sans aucun doute nécessaire, car il y a peu de chances que l'entreprise s'étende dans le marché concentré et déjà trop plein des Maritimes.»

Les cibles qui viennent les premières à l'esprit sont l'épicier Overwaitea, qui exploite 106 magasins en Alberta et en Colombie-Britannique, et l'américaine Safeway, qui en possède 200 étalés du Manitoba à la Colombie-Britannique, en plus de son réseau au sud de la frontière.

«Overwaitea est la possibilité la plus évidente, juge le gestionnaire Martin Dufresne, de Fiera Capital. Elle est discutée depuis longtemps et ce serait un fit naturel pour la diversification géographique.»

Une autre histoire de patience

Christopher Sears, gestionnaire chez McDougall, MacDougall & MacTier, retient les mêmes noms. Mais comme ses deux collègues, il croit que la tentative de séduction risque d'être longue étant donné le peu d'intérêt des cibles à se vendre.

«Chez Overwaitea, Jim Patterson (le propriétaire) n'a jamais été du style à vendre. Et Safeway est une grosse entreprise présente aux États-Unis, elle ne subit aucune pression de vente», explique M. Sears.

Michael Van Aelst ne voit aucune des deux entreprises devenir accessible avant au moins deux ans. «Mais si une chose caractérise Metro, c'est bien la patience, elle a attendu sept ans pour acheter A & P Canada» rappelle l'analyste.

En 2005, A&P a permis à Metro de franchir la frontière québécoise pour s'imposer en Ontario.

M. Van Aelst signale par ailleurs que l'achat de Safeway prochainement coûterait probablement plus de 3 G$, et obligerait Metro à émettre des actions et/ou à liquider son lucratif investissement de 500 M$ dans Couche-Tard.

Rien ne presse pour Metro, jugent les trois experts : A & P peut encore générer de la croissance par l'amélioration de ses marges de profit, qui demeurent inférieures à celles de la compagnie québécoise.

«Si Metro commence à parler d'un achat, c'est que ce n'est pas éminent», croit Martin Dufresne. Leurs acquisitions sont toujours très bien négociées, jamais impulsives. C'est un bulldozer qui avance lentement.»

Michael Van Aelst entrevoit aussi la possibilité d'une plus petite acquisition dans l'Ouest de manière à y prendre pied en douceur, par exemple la chaîne Thrifty, qui domine son marché sur l'île de Vancouver.

Quant à une entrée aux États-Unis, les experts y voient une stratégie possible, mais plus risquée et moins probable.

Si le marché américain est fragmenté, la force qu'y déploie Wal-Mart ainsi que la clientèle, plus axée sur les bas prix que sur le service, pourraient mettre un concurrent canadien en échec.

«Ce serait toute une gageure, dit Martin Dufresne. Je ne suis pas sûr que le marché boursier réagirait bien à court terme.»