C'est à Toronto que Bombardier (T.BBD.B) assemble son populaire Q400. Mais lorsque le turbopropulseur Q400 prend son essor, il entraîne plusieurs fournisseurs québécois dans son sillage.

C'est à Toronto que Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] assemble son populaire Q400. Mais lorsque le turbopropulseur Q400 prend son essor, il entraîne plusieurs fournisseurs québécois dans son sillage.

Il s'agit de poids lourds comme Pratt & Whitney Canada (P&WC), mais aussi de plus petites entreprises comme Les Industries Leesta.

«C'est un vieux programme que nous faisons depuis des années, déclare un dirigeant de Leesta, Ernie Staub. De voir qu'ils en vendent de plus en plus, c'est une très bonne nouvelle. Le Q400 est un excellent appareil.»

Leesta, une entreprise de Pointe-Claire, fabrique diverses pièces pour P&WC, Goodrich et Messier Dowty. Mais elle vend aussi des pièces directement à Bombardier pour le Q400. Ce programme a donc une importance toute particulière pour la petite entreprise de 110 employés.

L'usine de Havilland de Bombardier à Downsview, dans la région torontoise, fabrique des turbopropulseurs Dash 8 depuis le début des années 80.

Bombardier, qui a acquis l'usine en 1992, a lancé quelques années plus tard une version améliorée du Dash 8, plus silencieuse, la série Q (pour Quiet).

La grande popularité des biréacteurs régionaux auprès des passagers a cependant porté un dur coup aux turbopropulseurs.

«Il n'y a pas longtemps, on pensait que ce programme-là était mort, on en faisait un ou deux par mois», rappelle Gilles Labbé, président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, qui fabrique une composante importante des ailes des turbopropulseurs de série Q, les longerons, à son usine de Dorval. «Maintenant, on en fait cinq ou six par mois.»

En octobre dernier, Bombardier a annoncé une nouvelle accélération de la cadence de production, la faisant passer de 50 à 65 appareils par année. Cette augmentation était d'autant plus frappante que Bombardier annonçait au même moment une diminution de la cadence de production des biréacteurs régionaux.

Au 30 avril dernier, le carnet de commandes de Bombardier comptait 100 appareils de série Q, soit sept appareils Q200 (39 places), 14 appareils Q300 (50 places) et 79 appareils Q400 (70 places). Il y a trois ans, le carnet ne comptait que 33 appareils de série Q.

Depuis le 30 avril, Bombardier a pu inscrire des commandes pour 19 appareils Q400 supplémentaires.

Et le carnet pourrait s'épaissir encore davantage: le transporteur américain US Airways a fait savoir qu'il entendait s'adresser aux deux grands manufacturiers de turbopropulseurs, Bombardier et l'européenne ATR, pour renouveler la flotte de son transporteur régional Piedmont Airlines.

Or, Piedmont exploite pas moins de 55 Dash 8 à l'heure actuelle.

«US Airways est déjà un client de Bombardier, fait observer le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Parce que c'est un client, nous discutons avec eux, mais je ne peux pas en dire plus.»

Le regain de popularité des turbopropulseurs est lié notamment à la hausse des coûts du carburant, explique Philippe Hoste, chef de la direction de Sonaca NMF Canada, qui fabrique la partie supérieure et inférieure des panneaux d'aile des turbopropulseurs de série Q.

«Maintenant, c'est reparti parce que ce sont des avions qui ont des coûts d'utilisation très concurrentiels par rapport aux biréacteurs, déclare M. Hoste. Toute la chaîne d'approvisionnement en bénéficie, ça crée de l'emploi.»

Sonaca NMF Canada emploie 250 personnes à Mirabel.

La popularité retrouvée des avions de série Q se répercute jusqu'à Granby. Avior Produits intégrés y fabrique des pièces et des sous-ensembles pour la famille de turbopropulseurs de Bombardier, comme l'habitacle des pilotes.

«Ça représente un bon 25% de la production de notre usine de Granby, qui compte 65 employés, observe Joe Marcheschi, directeur des ventes et des nouveaux programmes chez Avior. La nouvelle vague d'intérêt pour les turbopropulseurs nous aide énormément.»

Du côté de P&WC Canada, on se réjouit également du retour en force des turbopropulseurs. Non seulement l'entreprise de Longueuil motorise-t-elle les turbopropulseurs de série Q, mais elle motorise également les appareils d'ATR.

Donc, qu'US Airways choisisse Bombardier ou ATR, P&WC sera gagnante.

Le Q400 n'est pas uniquement ontarien et québécois. Le fuselage, qui était fabriqué jusqu'à récemment par Mitsubishi Heavy Industry au Japon, aura dorénavant une origine irlandaise, chinoise et mexicaine.

La partie arrière sera en effet fabriquée à la nouvelle usine de Bombardier à Querétaro, au Mexique, alors que la partie centrale sera transférée à l'usine Shorts de Bombardier à Belfast.

Un partenaire de longue date de Bombardier en Chine, SAC, héritera de la partie avant.