Une semaine: c'est le temps qui reste pour sauver le plus gros abattoir au Québec, celui de Vallée-Jonction. Sa fermeture aurait des impacts dans plusieurs régions du Québec.

Une semaine: c'est le temps qui reste pour sauver le plus gros abattoir au Québec, celui de Vallée-Jonction. Sa fermeture aurait des impacts dans plusieurs régions du Québec.

Un effet domino que les producteurs de notre plus important produit agricole d'exportation appréhendent grandement.

Chaque semaine, quelque 30000 cochons débarquent à Vallée-Jonction, en Beauce. Leur dernier voyage. À l'usine d'Olymel, ils sont abattus, puis découpés en filets et autres côtelettes qui prendront le chemin des supermarchés autant du Japon, des États-Unis que du Québec.

Vallée-Jonction est située au coeur de la deuxième région productrice de porcs au Québec après celle de Saint-Hyacinthe. Son abattoir est le plus gros de la province. Et il est menacé.

Si les 1200 employés n'acceptent pas d'ici dimanche des coupes de 30% dans leur rémunération, Olymel a annoncé qu'elle fermera l'usine.

Le ministre du Travail a envoyé jeudi dernier un médiateur dans la mêlée afin de rapprocher les deux parties. Mais les producteurs de porcs, eux, se préparent au pire.

«On n'est pas là à regarder l'autobus passer. On se prépare à toute éventualité», a indiqué à La Presse Affaires le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Claude Corbeil. La Fédération a tenu jeudi dernier une rencontre pour discuter de Vallée-Jonction, et a convoqué son conseil d'administration pour demain (mercredi).

Les producteurs prennent la menace de fermeture au sérieux. Que fera-t-on des porcs qui prennent le chemin du plus gros abattoir du Québec s'il ferme?

M. Corbeil avoue que l'éventualité soulève des «questions existentielles» pour l'industrie du porc -la plus importante exportation agricole du Québec, avec des ventes de plus de 1 milliard de dollars en 2005.

Les éleveurs de porcs ont déjà un avant-goût de ce qui les attend peut-être. Depuis octobre dernier, les employés de l'abattoir ATrahan, de Yamachiche, ont déclenché une grève qui dure toujours.

Les conséquences, ce sont des porcs qui s'accumulent dans les porcheries où les producteurs doivent continuer de les nourrir à leurs frais, et des animaux qu'on embarque dans des camions en direction de l'Ontario et même de l'Île-du-Prince-Édouard pour aller les y faire abattre.

Rien pour aider une industrie qui se bat actuellement pour sa survie. Et avec Olymel qui a annoncé la fermeture de son abattoir de Saint-Valérien (18000 porcs par semaine) pour le 30 mars et celui de Vallée-Jonction dont l'avenir est incertain, «la sonnette d'alarme est en train de sonner», dit M. Corbeil.

S'il n'aime pas voir des porcs embarqués sur des camions traverser les frontières provinciales, M. Corbeil avoue qu'il faudra peut-être s'y habituer avec l'incertitude qui touche Olymel et les bouleversements provoqués par Maple Leaf au Canada anglais (voir autre texte dans cette page).

«Un système de mise en marché pour l'Est canadien est l'une de nos pistes de solutions, révèle-t-il. Ce qu'on dit, au fond, c'est Est-ce qu'on peut s'asseoir, arrêter le trafic d'un bord et l'autre, envoyer nos porcs à l'abattoir le plus près et faire économiser du fuel à tout le monde?»

LE FACTEUR VALLÉE-JONCTIONACTUELLEMENT

14 usines appartenant à 10 entreprises dont la plus grosse, celle d'Olymel à Vallée-Jonction, peut abattre 37 500 porcs par semaine.

LE SCÉNARIO IDÉAL

Une ou deux usines de 70 000 porcs par semaine, et une poignée de petites pour les produits de niche.

Source : George Morris Centre