La fièvre qui s'est emparée des marchés financiers jeudi est inquiétante pour la santé de l'économie canadienne, mais elle ne lui sera pas fatale, estiment les experts interrogés jeudi.

La fièvre qui s'est emparée des marchés financiers jeudi est inquiétante pour la santé de l'économie canadienne, mais elle ne lui sera pas fatale, estiment les experts interrogés jeudi.

«Ce qui se passe est majeur, mais son impact sera assez limité sur la vie de M. et Mme Tout-le-monde», résume Benoit Durocher, économiste chez Desjardins.

L'économie canadienne souffrira si la crise américaine des prêts hypothécaires ralentit beaucoup la croissance au sud de la frontière, explique-t-il.

Les économistes s'attendent déjà depuis plusieurs mois à un ralentissement de la croissance américaine mais au deuxième trimestre, l'économie a crû plus fortement que prévu, soit de 3,4%.

«Ce n'est pas symptomatique d'une économie au bord du gouffre», estime Benoit Durocher.

Pour Marc Lévesque, stratège en chef chez Valeurs mobilières TD, «le scénario le plus probable, c'est que l'économie américaine va s'en sortir».

M. Lévesque s'inquiète toutefois de la panique des marchés financiers, qui pourrait provoquer un effet domino. Le système bancaire américain est très vulnérable aux chocs de ce genre, dit-il.

«Ce que j'espère, c'est que le choc sera atténué par le bon état de l'économie américaine».

Une crise de liquidités comme celle qui a conduit hier trois banques centrales à injecter de l'argent dans le marché provoque un choc qui peut se transformer en récession dans les pays touchés.

Maurice Marchon, économiste et professeur à HEC Montréal, explique que c'est comme un moteur en manque d'huile. Les dommages peuvent être importants, à moins de mettre de l'huile immédiatement, ce qu'ont fait les banques centrales.

«C'est la chose à faire en cas de crise, les banques centrales sont là pour ça», dit-il.

Benoit Durocher souligne que les banques centrales ont appris des erreurs du passé.

La crise immobilière favorisera une baisse des taux d'intérêt aux États-Unis, ce qui relancera la consommation. Au Canada, où des hausses de taux sont prévues pour éteindre les premiers signes de surchauffe, la Banque du Canada pourrait revoir son plan de match si la situation dégénère, estiment les trois économistes.

Marc Lévesque pense que c'est peu probable. À tout prendre, la hausse de taux prévue pour septembre pourrait être reportée, dit-il. «Mais l'économie canadienne a besoin d'une hausse de taux», souligne-t-il.

Cette crise pourrait avoir du bon pour l'économie canadienne, estime Maurice Marchon. Le ralentissement de l'économie américaine affectera le prix du pétrole et nos exportations en général, dit-il.

«Ça peut nous éviter une hausse des taux d'intérêt».

La mondialisation des économies est un autre facteur positif, qui réduit le risque de dérapage. «Quand ça va mal quelque part, ça va bien ailleurs, comme en Chine où la croissance économique est au-dessus de 10%. Il y a des effets compensateurs».