Près de trois ans après le décollage du dernier vol de passagers, une série de projets est en train de donner un second souffle à l'aéroport de Mirabel. Les débats houleux toutefois sont loin d'être terminés.

Près de trois ans après le décollage du dernier vol de passagers, une série de projets est en train de donner un second souffle à l'aéroport de Mirabel. Les débats houleux toutefois sont loin d'être terminés.

Les Boeing, Airbus et autres Challenger remplis de passagers qui ont déserté les pistes de l'Aéroport de Mirabel depuis 2004 seront bientôt remplacés par des Porsche, Audi et BMW vrombissantes.

Un vaste «country club» automobile verra le jour le printemps prochain sur une partie inutilisée du tarmac.

Les membres pourront y tester les limites de leurs bolides sur un circuit de quatre kilomètres, et profiter de toutes les attractions du complexe, dont un restaurant gastronomique et un centre d'esthétique pour les voitures.

«Ça fonctionne sur le même principe qu'un club de golf. Tu paies des frais d'adhésion de 35 000 $ et ça te permet d'être membre et de profiter des installations de façon illimitée durant la saison», explique Frédéric Senay, président et directeur général d'ICAR, la société à l'origine du projet.

La construction de ce nouveau club sélect commencera dans deux semaines, et exigera des investissements d'environ 10 millions de dollars sur cinq ans. ICAR a signé un bail de 25 ans avec Aéroports de Montréal (ADM), avec des options de renouvellement.

Le propriétaire de l'aérogare est ravi de voir ICAR s'installer sur son vaste territoire, surtout que cela ne dérangera en rien les activités actuelles de fret aérien qui ont cours à Mirabel.

«Pour nous, l'utilisation de 4,5 millions de pieds carrés de terrain, c'est un projet d'envergure», dit Jean Teasdale, vice-président, Fret aérien et développement industriel d'ADM à Mirabel.

Jets privés

Il n'y aura pas que des voitures sport qui se feront entendre à Mirabel. Les jets et hélicoptères privés feront leur retour à l'aéroport dès le mois prochain, avec l'arrivée de Hélibellule, une PME qui offrira notamment des services de ravitaillement et de restauration aux passagers et aux équipages de ce type d'appareils.

Depuis la fin des vols commerciaux en 2004, les jets et hélicos privés devaient aller se poser aux aéroports de Dorval, de Saint-Hubert ou de La Macaza, faute de services adéquats à Mirabel. Les promoteurs d'Hélibellule espèrent faire revenir cette clientèle.

«Ils (Hélibellule) refont un bâtiment state of the art, quelque chose de joli, qui va remplir une certaine demande, explique Jean Teasdale, d'ADM. Il y a beaucoup d'entreprises dans les Basses Laurentides qui font des déplacements en avion privé.»

AirMédic s'installera aussi à Mirabel en juin, dans les mêmes locaux que Hélibellule. La compagnie de secours aérien, sans but lucratif, quittera ainsi ses hangars de l'aéroport de Saint-Hubert.

Rêve ou réalité?

Les projets se multiplient ces jours-ci sur les terrains de l'aérogare, mais le plus important d'entre eux, «Rêveport», tarde toujours à se réaliser.

Il s'agit d'un immense complexe récréotouristique de 280 M$, qui prévoit la construction d'un aquarium géant, de plages intérieures et de cinémas à l'intérieur du principal terminal de l'aéroport, aujourd'hui inutilisé.

Même si le projet accuse du retard et que le site web du promoteur Iparks-Oger international est toujours en construction , ADM est confiant de le voir décoller.

«Le projet avance. On a obtenu les approbations de Transport Canada à la fin de 2006. On s'est affairé à finaliser les baux avec le promoteur en début d'année, on les a soumis pour fin d'approbation au ministère des Transports à Ottawa, on devrait recevoir l'approbation incessamment», dit Jean Teasdale.

«On voit que ça évolue et que les gens mettent beaucoup d'énergie pour faire de ce projet-là une réalité», poursuit-il.

ADM mise sur une ouverture graduelle à partir de 2009. Impossible toutefois de l'entendre de la bouche du principal intéressé: Gilles Assouline, un des promoteurs français du projet, n'a pas rappelé La Presse Affaires, qui a laissé plusieurs messages la semaine dernière.

Nouvelles PME

Malgré ces délais avec Rêveport, Jean Teasdale tient à souligner qu'une dizaine de nouvelles entreprises sont venues s'installer sur les terrains de l'aéroport de Mirabel depuis deux ans.

Par exemple, l'ancien édifice administratif d'Air Transat est maintenant occupé par la firme technologique Kangaroo TV. Et celui de CARA a été converti en atelier de produits alimentaires artisanaux par Les Moulins Lafayette.

«Pour la première fois depuis 1997, plus un seul de nos bâtiments à locataire unique n'est disponible, dit M. Teasdale. Ils sont tous loués.»

ADM continue à tenter d'attirer des locataires potentiels pour ses édifices à locataires multiples.

Quelque 121 200 tonnes de marchandises ont transité par l'Aéroport de Mirabel l'an dernier, comparativement à 153 400 à Montréal Trudeau. Le fret demeure, et de loin, la principale activité de Mirabel depuis le décollage du dernier vol passagers à l'automne 2004.