Qu’il s’agisse d’un changement de voiture, d’une garde-robe renouvelée ou encore d’un nouveau sofa pour le salon, les consommateurs québécois ont continué de consommer en 2023. Ils ont toutefois mis la pédale douce l’an dernier par rapport à 2022 et 2021.

Hausse de 4,1 %

Les ventes au détail ont atteint 177,7 milliards de dollars au Québec en 2023, une augmentation de 4,1 % par rapport à 2022, selon le bilan 2023 du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), réalisé par le Groupe Altus. Cette hausse est moins importante que les deux années précédentes. Les ventes au détail avaient augmenté de 8,5 % en 2022 et de 14,4 % en 2021. Les concessionnaires automobiles, les détaillants de vêtements et les magasins de produits de santé et de soins personnels comptent parmi les secteurs qui ont enregistré les plus grandes augmentations. Jessika Roussy, copropriétaire de Mode Choc, enseigne qui compte 11 magasins de vêtements, rappelle que les énormes hausses de ventes enregistrées depuis 2020 s’expliquent notamment par une augmentation des prix. Ceux-ci se sont un peu stabilisés en 2023. L’an dernier, Mme Roussy a connu une hausse des ventes de 6 %, et le nombre d’articles dans le panier d’achats a augmenté de 1 %. « L’an dernier, on a fait beaucoup d’efforts de marketing, mentionne-t-elle, c’est ce qui explique pourquoi j’ai un peu augmenté mon nombre d’articles vendus. Et l’inventaire était disponible. »

Année difficile pour la déco

L’année 2023 a toutefois été marquée de rouge pour les magasins d’accessoires de maison, avec une diminution de 9,1 % des ventes au Québec. Les consommateurs semblent également avoir fait moins d’achats chez les marchands de matériaux de construction. Ceux-ci ont connu une baisse de 7,6 %. « Les gens ont décoré beaucoup pendant la pandémie, ils ne renouvellent pas leur décoration chaque année », souligne Caroline Leclerc, propriétaire de boutiques Rose Bon Bon. « En 2023, c’est sûr qu’on a eu des déceptions. Le volume d’affaires a baissé. Les gens, avant de mettre une belle nappe à 100 $ sur la table, ils vont d’abord y mettre de la nourriture, illustre-t-elle. Notre clientèle cible, c’est la classe moyenne. Et ce sont ces gens-là qui font un peu plus attention. »

Les faillites

« Alors que le nombre de faillites personnelles est demeuré plutôt stable dans la dernière année, le nombre de faillites de l’ensemble des entreprises a, quant à lui, bondi de 38,9 % au Québec dans la dernière année et de 46,4 % dans le secteur du commerce de détail pour tout le Canada », selon le CQCD. Le remboursement de l’aide fédérale pendant la pandémie peut expliquer, en partie, la hausse du nombre de faillites. Ottawa avait créé le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) afin de donner un coup de pouce aux entreprises. Bon nombre d’entre elles ont reçu la somme maximale de 60 000 $. De cette somme, pour obtenir un « pardon » de 20 000 $ – donc pour conserver une partie en subvention –, elles devaient rembourser 40 000 $ au plus tard le 18 janvier 2024. Les entreprises qui n’ont pas réussi à payer 40 000 $ à la date prévue ont perdu leur subvention. Elles ont jusqu’au 31 décembre 2026 pour rembourser 60 000 $ à 5 % d’intérêts.

Qu’en est-il de 2024 ?

Déjà bien entamée, l’année 2024 a commencé au ralenti pour de nombreux détaillants. « Mais on a arrêté l’hémorragie chez Rose Bon Bon. On n’est plus en chute libre », affirme Caroline Leclerc. « L’année 2024 a commencé lentement, reconnaît le président et chef de la direction d’Aubainerie, Jean-Frédéric Pépin. Je pense que c’est généralisé. On est quand même chanceux parce qu’on est une destination d’aubaines. » Le beau temps des derniers jours a toutefois eu un effet positif sur les ventes, souligne M. Pépin. « Ça fait du bien. On dirait que les gens ont le goût de changer de vêtements. Les clients sont heureux et les magasins sont pleins. »