À trois ans de la fin des subventions québécoises aux acheteurs de véhicules électriques, la route vers la parité de prix avec les modèles à combustion demeure longue, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La bonne nouvelle pour les consommateurs : l’intensification de la concurrence dans l’électrification oblige les constructeurs à réduire leurs marges de profit.

C’est l’un des constats brossés par l’organisation internationale dans ses plus récentes projections, diffusées mardi. Son rapport de 175 pages estime notamment que la moitié des voitures vendues dans le monde en 2035 pourraient être alimentées à l’électricité.

Il y a cependant une condition sine qua non pour y arriver : des modèles plus abordables. En Amérique du Nord, et plus particulièrement aux États-Unis, il faudra potentiellement patienter jusqu’en 2030 pour observer une parité tarifaire entre les véhicules utilitaires sport (VUS) électriques et ceux alimentés à l’essence.

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« Les modèles électriques plus petits et moins dispendieux ont encore plus de chemin à parcourir, souligne le rapport de l’Agence. En 2022, seulement 5 % des voitures électriques vendues aux États-Unis étaient moins dispendieuses que leur équivalent à moteur à combustion interne. »

Tout indique, selon les prévisions du rapport, qu’il y aura toujours un écart de prix entre un modèle électrique et sa version comparable à combustion lorsque le programme Roulez vert – qui offre jusqu’à 7000 $ pour un véhicule électrique neuf – sera progressivement envoyé à la casse par Québec, en 2027. Le gouvernement fédéral continue d’offrir jusqu’à 5000 $ pour un modèle électrique jusqu’en 2027, mais il n’y a aucune garantie par la suite.

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Cela n’est rien pour rassurer les consommateurs, qui, selon une récente consultation menée par la plateforme de vente en ligne AutoHebdo, placent le coût d’achat plus élevé parmi les principaux freins à l’achat d’un véhicule zéro émission (VZE).

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De l’espoir

Il y a cependant une lueur d’espoir à l’horizon, d’après les constats de l’AIE. Lentement mais sûrement, l’arrivée de nouveaux modèles alimente la concurrence et oblige les constructeurs à s’adapter. Le rapport donne l’exemple de Tesla et de son modèle Y aux États-Unis. Entre 2022 et 2024, le prix de vente est passé d’une fourchette allant de 65 000 $ US à 70 000 $ US à un horizon allant de 45 000 $ US à 55 000 $ US.

« Cela suggère qu’il y a une marge de profit même si le prix est moins élevé », écrit-on.

Pour le président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, un élément pourrait accélérer l’atteinte de la zone paritaire au chapitre des prix : un coup d’accélérateur sur l’offre de modèles électriques d’« entrée de gamme » – environ 35 000 $.

PHOTO JUNG YEON-JE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Voiture électrique Hyundai en démonstration à Séoul

« Après une offre croissante de véhicules plus gros et dispendieux, on commence à voir les Hyundai, Kia, Volkswagen et les autres se préparer à offrir des modèles de moins grande taille et moins dispendieux d’ici deux à quatre ans. C’est à ce moment que la donne va changer. »

Les géants de l’automobile ont encore du pain sur la planche à ce chapitre. Selon la campagne Roulez électrique, on recense actuellement quatre modèles (Fiat 500e RED, Bolt EV et Bolt EUV ainsi que Nissan Leaf) à un prix d’environ 35 000 $ – en incluant les subventions admissibles.

Encore des défis

Dans le marché américain, seulement 5 des 25 nouveaux modèles attendus cette année se vendent à un prix inférieur à 50 000 $ US. On n’en retrouve aucun à moins de 30 000 $ US, selon l’AIE. Cela signifie, écrit l’organisation, que « peu de modèles électriques concurrencent directement les modèles à combustion ». Le document ne se penche pas sur le marché canadien.

À l’Association des véhicules électriques du Québec, on estime qu’il est « très difficile » de s’avancer sur les prix moyens des modèles électriques lorsque Roulez vert aura disparu. Il y a cependant une certitude, selon son porte-parole, Simon-Pierre Rioux : « Le prix du véhicule à essence va lui aussi continuer à augmenter. Le prix du litre de carburant risque de poursuivre sa progression, ce qui aura un impact sur le coût d’ensemble de ce type de véhicule. »

Populaire, Roulez vert coûtait de plus en plus cher aux contribuables. En 2022-2023, 238 millions avaient été distribués aux acheteurs. L’an dernier, la facture du programme atteignait environ 400 millions. Le gouvernement Legault a justifié sa décision en affirmant que le marché du véhicule électrique pouvait maintenant voler de ses propres ailes.

En savoir plus
  • 17 millions
    Nombre de véhicules électriques vendus dans le monde en 2024
    source : Agence internationale de l’énergie
    25 %
    Croissance des ventes de modèles électriques de janvier à mars par rapport à la même période l’an dernier
    source : Agence internationale de l’énergie