Le gouvernement Trudeau n’est pas resté insensible aux appels du milieu des affaires à inciter les gestionnaires de retraite canadiens à investir davantage au pays. Il mandate un groupe pour se pencher sur la question, mais on ignore quand un coup de barre pourrait être donné.

Six créneaux seront analysés par ce groupe de travail piloté par l’ex-gouverneur de la Banque du Canada Stephen Poloz : les technologies numériques et l’intelligence artificielle, les infrastructures, les aéroports, le capital de risque, le logement et le seuil de détention maximal des caisses de retraite dans des entreprises. Les règles fédérales empêchent ces institutions de détenir plus de 30 % des actions à droit de vote d’une société.

« Les fonds de pension canadiens détiennent plus de 3000 milliards en actifs », souligne le budget déposé mardi par la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland.

Ces institutions comprennent la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Investissements RPC, le Régime de retraite des enseignants de l’Ontario ainsi que le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, notamment.

En mars dernier, une centaine de personnalités du milieu des affaires avaient cosigné une lettre pour encourager Ottawa et les provinces à mettre en place un cadre favorisant les gestionnaires de caisses de retraite à investir davantage au pays. Des noms comme Alain Bouchard (Couche-Tard), Laurent Ferreira (Banque Nationale), Eric La Flèche (Metro), Pierre Karl Péladeau (Québecor), Louis Audet (Cogeco) et Éric Martel (Bombardier) figuraient parmi les signataires.

« Les caisses de retraite canadiennes ont réduit leur participation dans les sociétés canadiennes cotées en Bourse de 28 % de leur actif total à la fin de l’année 2000 à moins de 4 % à la fin de 2023 », soulignaient-ils.

Cette missive avait été transmise à Mme Freeland ainsi qu’aux ministres des Finances des provinces. La lettre soulignait que les investissements effectués au Canada ont un impact sur les portefeuilles, mais aussi sur l’économie canadienne : création d’emplois, amélioration des revenus et augmentation des cotisations aux régimes de retraite. Moins d’investissement dans les entreprises canadiennes augmente leur coût de capital, diminue leur valeur et réduit leur capacité de croissance, ce qui rend le Canada moins attrayant, expliquait-on.

Le budget de Mme Freeland n’offre pas d’échéancier sur les prochaines étapes qui attendent le comité de travail. On se limite à annoncer sa création ainsi que le principe qui doit dicter sa réflexion.

Avec la collaboration de Richard Dufour, La Presse

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