La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déposé mardi son quatrième budget. En voici les grandes lignes.

(Ottawa) Le déficit est maintenu

La pluie de milliards dévoilée lors du striptease prébudgétaire laissait présager une hausse importante du déficit, mais la ministre Chrystia Freeland a réussi à le maintenir sous la barre des 40 milliards pour l’année financière en cours. L’ensemble des dépenses du gouvernement atteint 537 milliards et dépasserait les 600 milliards en 2028-2029, selon les projections du gouvernement. Fidèle à son habitude, il ne prévoit aucun retour à l’équilibre budgétaire. Le déficit devrait toutefois diminuer graduellement, mais sa descente sera beaucoup moins rapide que ce que le gouvernement prévoyait lors du budget de l’an dernier. Le déficit cette année devrait représenter 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) et la dette fédérale, 41,9 % du PIB.

Nouveaux revenus

La ministre des Finances mise sur une augmentation des revenus pour éviter une explosion du déficit. Elle s’appuie notamment sur la croissance de l’économie, mais tente également d’aller chercher des dollars chez les mieux nantis. Elle puise dans la poche des plus riches en augmentant le montant imposable des gains en capital. Les gains supérieurs à 250 000 $ réalisés dans une année seront désormais imposables aux deux tiers au lieu de la moitié. Les gains faits lors de la vente d’une résidence principale sont exemptés. Le gouvernement estime que cette mesure, qui ne touchera que 0,13 % des Canadiens, lui permettra d’aller chercher 19,4 milliards sur cinq ans. Les fumeurs devront également débourser davantage pour leurs cigarettes ou leurs vapoteuses. En augmentant la taxe d’accise sur ces produits, le gouvernement espère engranger 1,7 milliard sur cinq ans.

Régler la crise du logement

Le gouvernement fédéral a pour objectif d’ajouter 3,87 millions de logements un peu partout au pays d’ici à 2031. Les mesures avaient déjà été annoncées au cours des dernières semaines, sauf celle concernant l’usage des terrains publics pour y construire de nouveaux immeubles. Postes Canada et la Défense nationale se départiront de certaines de leurs propriétés pour que des logements y soient aménagés. Au Québec, cette mesure touche des édifices publics à Trois-Rivières, Beauharnois, Roxboro et Québec. Le gouvernement alloue 1,3 milliard supplémentaire sur quatre ans à la stratégie canadienne de lutte contre l’itinérance. L’ensemble des mesures pour le logement, y compris celle pour la construction de nouveaux appartements et celles pour améliorer l’accès à la propriété, totalisent 8,5 milliards.

Cap sur les milléniaux et la génération Z

Le gouvernement courtise le vote des jeunes adultes nés entre le début des années 1980 et les années 2000. Ils sont mentionnés à 14 reprises dans le document du budget fédéral. Le gouvernement les cible directement avec des initiatives comme la prise en compte du paiement du loyer dans le calcul de la cote de crédit, l’allongement de la période d’amortissement des hypothèques à 30 ans, la hausse de la limite de retrait à 60 000 $ dans le cadre du Régime d’accession à la propriété (RAP), et la hausse des bourses et prêts d’études. Ils sont même mentionnés dans le paragraphe sur le droit à la déconnexion où le gouvernement annonce dans le budget son intention de modifier le Code canadien du travail.

Nouvelle remise de la taxe sur le carbone

Le gouvernement exauce la Fédération canadienne des entreprises indépendantes qui réclamait un remboursement immédiat des 2,5 milliards en taxe sur le carbone perçus auprès des petites et moyennes entreprises depuis 2019. Quelque 600 000 PME de moins de 500 employés pourront bénéficier d’un nouveau crédit d’impôt remboursable. Les entreprises québécoises n’en bénéficieront pas puisque cette tarification fédérale ne s’applique pas au Québec, qui a sa propre bourse du carbone, mais elle répond aux critiques des conservateurs qui ont fait de l’élimination de cette taxe leur principal cheval de bataille. La tarification fédérale sur le carbone s’applique dans huit provinces et deux territoires. À l’instar du Québec, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest ont aussi leur propre système.

Regarnir la défense

Dévoilée en grande pompe la semaine dernière, la nouvelle politique de défense du Canada constitue un poste de dépense important du budget fédéral. Le gouvernement alloue 8,1 milliards sur cinq ans et 73 milliards sur 20 ans au ministère de la Défense nationale, au Centre de la sécurité des télécommunications et à Affaires mondiales Canada. Il prévoit ainsi s’approcher de l’objectif de 2 % du PIB fixé par l’OTAN pour les dépenses militaires en atteignant 1,76 % d’ici 2029-2030.