Maintenant qu’elle est sortie du pétrole et que ses objectifs pour 2030 sont pratiquement atteints, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) se dotera de nouvelles cibles en matière de développement durable.

« Une fois que la cible est atteinte, il n’y a qu’une bonne option, la rehausser », affirme Charles Emond, président et chef de la direction de la CDPQ, en présentant le Rapport d’investissement durable pour 2023.

La Caisse s’était engagée en 2021 à réduire de 60 % l’empreinte carbone de son portefeuille en 2030. En 2023, elle est arrivée tout près du but, avec une diminution de 59 %.

Ce n’est pas parce que cet objectif n’était pas assez ambitieux, assure Marc-André Blanchard, premier vice-président et chef mondial de l’investissement durable, lors d’un entretien avec La Presse.

Si vous regardez par rapport à nos pairs, nos objectifs étaient extrêmement ambitieux. On a été fort efficaces dans l’élaboration de nos stratégies pour y arriver.

Marc-André Blanchard, premier vice-président et chef mondial de l’investissement durable à la Caisse de dépôt et placement du Québec

Selon lui, la Caisse peut être fière d’avoir 80 % de son portefeuille composé d’actifs à faible empreinte carbone et d’avoir travaillé sur plusieurs fronts pour faire progresser la transition énergétique.

Marc-André Blanchard souligne par exemple que la Caisse a appuyé 62 % des propositions d’actionnaires qui concernent des enjeux environnementaux lors des assemblées annuelles d’entreprises auxquelles elle a participé. La Banque Royale, par exemple, vient de s’engager à publier chaque année la part des prêts qu’elle accorde dans les secteurs des énergies fossiles et des énergies renouvelables, à la suite d’une proposition d’actionnaires que la Caisse a soutenue.

En matière de transition énergétique, ce qui reste à faire est probablement plus difficile, reconnaissent les dirigeants de la Caisse, notamment dans les secteurs difficiles à décarboner comme le transport, le ciment et l’acier.

Il va falloir des partenariats avec les gouvernements, la société civile et les investisseurs pour arriver à réduire davantage.

Bertrand Millot, chef de l’investissement durable à la Caisse de dépôt et placement du Québec

Il donne l’exemple des voitures électriques, qui roulent sans pétrole mais qui sont fabriquées avec des composantes « pleines de carbone ».

Pas de pétrole, mais encore du gaz

En 2023, la Caisse a vendu son dernier investissement lié à la production de pétrole et elle ne finance plus d’activités de production ou de transport de pétrole.

Il n’est toutefois pas question pour la Caisse de céder aux pressions des environnementalistes et d’abandonner complètement les énergies fossiles, parce qu’elle considère le gaz naturel comme une énergie indispensable à la transition énergétique.

Il y a pour 16 milliards de dollars d’investissements dans la production de gaz naturel dans le portefeuille de la Caisse. Le gros des investissements dans ce secteur est concentré dans le transport et la distribution du gaz, des activités qui comptent pour 1,6 % de son portefeuille total de 434 milliards.

La Caisse est l’actionnaire majoritaire d’Énergir et suit de près les efforts de l’entreprise qui veut réduire son empreinte carbone en augmentant la part de gaz naturel renouvelable qu’elle distribue. « C’est compliqué pour eux, mais ça avance », dit Bertrand Millot, qui estime qu’Énergir est un cas d’entreprise qui a besoin de partenaires comme Hydro-Québec et le gouvernement pour réussir.

Le Rapport d’investissement durable que publie chaque année la Caisse de dépôt est un mélange d’une tonne d’informations sur ses engagements en matière de transition énergétique, de gouvernance et valeurs sociales qui viennent avec des normes, des certifications et diverses actions de toutes sortes qui rendent la compréhension et la critique difficiles. Les dirigeants de la Caisse en conviennent, une simplification des normes serait souhaitable pour tout le monde.