(Washington) Taxer les multinationales et les milliardaires : Joe Biden réitérera ces promesses de campagne jeudi dans son discours annuel sur l’état de l’Union et enfoncera le clou avec de nouvelles mesures comme la taxation des avions privés.

Le président démocrate exposera « ses projets visant à réduire les coûts et à créer un système fiscal plus équitable », a déclaré sa principale conseillère économique, Lael Brainard, lors d’une conférence téléphonique.

Le traditionnel discours annuel du président devant le Congrès aura cette année des airs de campagne électorale. Avec en ligne de mire, son prédécesseur et probable rival pour l’élection présidentielle de novembre, le magnat républicain Donald Trump.

Joe Biden plaidera de nouveau en faveur d’un relèvement du taux d’imposition des entreprises, de 21 à 28 % - ce qui resterait inférieur aux 35 % appliqués avant la réforme des impôts de Donald Trump en 2017.  

« Le président Biden se bat pour rendre le système fiscal plus équitable tandis que les républicains continuent de promouvoir des réductions d’impôts pour les riches et les grandes entreprises », a taclé la Maison-Blanche dans un communiqué.

Joe Biden veut ainsi, entre autres, supprimer les déductions fiscales pour les primes de plusieurs millions de dollars accordées à certains PDG. Il relancera aussi l’idée d’imposer les milliardaires à hauteur de 25 %.

« Réduire les coûts »

« Le président Biden se bat pour que notre code des impôts récompense le travail, et non la richesse », a assuré Lael Brainard.

Le démocrate compte également s’attaquer aux avions privés, et éliminer « un allègement fiscal qui accorde un traitement préférentiel aux avions d’affaires, par rapport aux avions commerciaux », a indiqué la Maison-Blanche.

Il prévoit, en prime, d’augmenter la taxe sur les carburants pour ces avions. Mais n’évoque cependant aucune préoccupation environnementale dans cette proposition.

Il s’en prendra également de nouveau à « Big Pharma », nom donné aux grands groupes pharmaceutiques, auxquels il reproche de délocaliser des emplois pour payer moins d’impôts aux États-Unis.

Malmené dans les sondages par près de trois années de forte inflation, le président ne cesse de mettre en avant ses mesures pour redonner du pouvoir d’achat aux Américains. Notamment aux ménages de la classe moyenne et aux moins aisés.

« Dans son discours sur l’état de l’Union, vous entendrez le président Biden parler de ses efforts pour réduire les coûts et réprimer les frais indésirables », a ainsi déclaré Lael Brainard.  

Cartes de crédit

« La réduction des coûts pour les familles qui travaillent est sa priorité économique », a-t-elle ajouté.

Dans un pays où l’usage des cartes de crédit est intensif, auprès des banques, mais aussi de différentes enseignes de commerce, ou encore compagnies aériennes, Joe Biden promet de s’attaquer aux frais liés à leur usage.

Et ciblera, comme il le fait depuis plusieurs mois, l’industrie agroalimentaire qui, pour faire face à l’inflation, réduit les quantités vendues, mais laisse le produit au même prix, la « shrinkflation ».

Le président « parlera également de nouvelles mesures importantes visant à réduire les coûts du logement », a encore dit Lael Brainard, alors que le « rêve américain » est mis à mal par les difficultés rencontrées par les ménages américains à devenir propriétaires.

Ces propositions ont cependant peu de chances de voir le jour, car même si Joe Biden est réélu en novembre, il faudrait qu’il ait une majorité démocrate au Sénat et à la Chambre des représentants, ce qui est loin d’être acquis.

L’administration Biden n’est ainsi pas parvenue à faire ratifier le projet de taxation mondiale des entreprises, pourtant adopté en octobre 2021 par les pays de l’OCDE.

« Le président présentera la semaine prochaine un budget qui réduira le déficit de 3000 milliards de dollars sur 10 ans », a par ailleurs souligné Lael Brainard.

Un pied de nez supplémentaire à Donald Trump, dont la réforme fiscale de 2017 a fait bondir la dette.