Les cuisines ont été rénovées. Les salons ont changé de look grâce à un nouveau mobilier. Maintenant que la « folie pandémique » est passée, l’achalandage est moins important dans les magasins de meubles, confirment les détaillants. Et au cours de la dernière année, les ventes ont diminué de 7,4 %, selon Statistique Canada.

« On est passés d’un marché où les gens venaient pour rénover la cuisine à un marché où les gens viennent parce que la laveuse ou la sécheuse sont brisées », observe David Larivière, vice-président exécutif des magasins Germain Larivière.

Si les produits plus chers comme « les sofas en cuir inclinables » ont encore la cote auprès des consommateurs, puisqu’ils veulent acheter des meubles plus durables, les produits « populaires » comme les divans à 1000 $ ainsi que les électroménagers trouvent beaucoup moins preneur, soutient celui qui gère trois magasins à Saint-Hyacinthe, Brossard et Laval.

Ce n’est pas tout à fait un retour « à la normale » si l’on compare aux années prépandémiques, observe-t-il. « En raison de l’inflation, les ventes sont meilleures qu’en 2019. Mais l’achalandage est moins élevé. C’est plus tranquille qu’en 2019. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

David Larivière, vice-président exécutif des magasins Germain Larivière

À Québec, Denis Croteau, directeur général de Meubles Croteau, reconnaît lui aussi que ce n’est plus la « folie » de la pandémie dans ses deux magasins. De son côté, toutefois, il a l’impression de revenir à une certaine normalité.

« On s’en sort bien », dit-il, ajoutant dans la foulée que ses clients sont peut-être un peu moins touchés par le contexte économique actuel. « On a quand même une clientèle formée de personnes âgées qui viennent de vendre leur maison, qui n’ont plus d’hypothèque à payer. »

Le retour des rabais ?

Par ailleurs, pour attirer plus de consommateurs, Germain Larivière offre actuellement davantage de rabais, une stratégie qui détonne avec celle adoptée en 2022, où bon nombre de détaillants qui voulaient « sécuriser leurs stocks » et qui faisaient face à des hausses de prix de la part des fournisseurs proposaient peu de soldes.

Il n’y a pas si longtemps, « les rabais étaient rares, rappelle M. Larivière. Mais là, actuellement, les fournisseurs nous offrent beaucoup de promotions. Et de notre côté, on coupe dans nos marges. On est en promotion en ce moment. On en a plus qu’on en avait en 2019 ».

« C’est une bonne période pour les gens qui veulent acheter. Ils n’ont plus besoin d’attendre les ventes d’après-Noël. On a des promotions continuelles. »

Disparition de Brault & Martineau

Le Groupe BMTC a lui aussi revu sa stratégie au cours des derniers mois. Au printemps, Marie-Berthe Des Groseillers, présidente et chef de la direction, avait reconnu que les temps étaient durs pour les détaillants de meubles. Et qu’ils devaient en plus se battre contre les Wayfair et Amazon de ce monde.

L’entreprise a investi dans son commerce en ligne et a converti en mai ses 11 magasins Brault & Martineau en Tanguay. Mme Des Groseillers n’était pas disponible pour nous accorder une entrevue afin de commenter la situation actuelle. Or, les résultats du Groupe BMTC pour la période de neuf mois terminée le 31 octobre font état d’une baisse des ventes de 22,1 % par rapport à l’an dernier.

« Il est difficile de prédire le comportement futur des consommateurs, par contre les résultats des derniers trimestres démontrent un ralentissement important, peut-on lire dans le communiqué publié par l’entreprise lors du dévoilement de ses résultats. Nous pouvons donc nous attendre à une baisse significative, si la tendance se maintient. Ceci s’explique en partie par le haut taux d’inflation au niveau de l’alimentation, le coût du pétrole et la hausse des taux d’intérêt qui font en sorte de réduire considérablement le portefeuille des consommateurs. »

« De plus, la société est consciente que l’augmentation de ses résultats au cours des deux dernières années provient en partie du fait qu’elle a bénéficié d’un transfert des dépenses des consommateurs liées aux restrictions imposées par les différents paliers du gouvernement dû à la COVID-19, plus précisément les restrictions liées aux voyages, la fermeture des restaurants et toutes les formes de divertissement culturel et sportif, déclare-t-on également. Ces restrictions n’étant plus imposées aux consommateurs, la société s’attend à voir un transfert des dépenses des consommateurs vers ces types de dépenses. »

Pénurie de main-d’œuvre

Par ailleurs, comme dans bien des secteurs, la pénurie de main-d’œuvre nuit aux projets d’expansion des détaillants de meubles, confirme David Larivière, qui, dans ces circonstances, n’est pas prêt en ce moment à ouvrir un quatrième magasin.

En mars 2023, l’entreprise Gagnon Frères, qui annonçait la fermeture de son magasin de Forestville, sur la Côte-Nord, avait notamment évoqué la difficulté de recruter des employés, rapportait Radio-Canada. Le détaillant avait aussi fermé son magasin de La Malbaie en 2021 pour les mêmes raisons. Il compte actuellement deux emplacements sur la Côte-Nord, trois au Saguenay–Lac-Saint-Jean et un à Québec.