Le plus récent numéro de la Gazette officielle du Québec révèle que le gouvernement québécois accorde des subventions totalisant 155,9 millions à Hydro-Québec, sa principale vache à lait qui lui verse des milliards en revenus chaque année. Explications.

Cet échange d’argent en sens inverse de la normale concerne les réseaux autonomes, qui produisent de l’électricité à partir d’énergie fossile et qui ne sont pas reliés au réseau d’Hydro-Québec. « Les subventions annoncées visent à diminuer le recours aux énergies fossiles et à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans ces réseaux autonomes », explique Francis Labbé, porte-parole d’Hydro-Québec.

Hydro-Québec recevra 25,1 millions du gouvernement pour raccorder le réseau autonome de Clova, un village de quelques dizaines d’habitants en Haute-Mauricie, au réseau électrique provincial.

Québec verse aussi à Hydro-Québec une somme de 130,8 millions pour réaliser cinq projets de conversion énergétique dans les réseaux autonomes, dont celui des Îles-de-la-Madeleine qui est en suspens depuis des années.

Après avoir abandonné le projet de relier les Îles-de-la-Madeleine à son réseau au moyen d’un câble sous-marin, qui aurait nécessité des investissements de plus de 1 milliard de dollars, Hydro-Québec étudie d’autres options. « Nous travaillons à un projet de décarbonation des Îles-de-la-Madeleine qui intègre de la production éolienne », a fait savoir le porte-parole.

Diminuer l’impact tarifaire

En plus de Clova et des Îles-de-la-Madeleine, quatre communautés du Nunavik seront bénéficiaires de l’aide gouvernementale, soit Kangiqsujuaq, Puvirnituq, Quaqtaq et Salluit. Au Nunavik, des projets sont en cours pour accroître la production d’énergie renouvelable et réduire l’utilisation de combustibles fossiles.

L’argent versé par Québec à Hydro-Québec provient des enveloppes du gouvernement réservées à la décarbonation, qui sont financées entre autres par le marché du carbone.

La décarbonation des réseaux autonomes exige des investissements importants qui se justifient sur le plan environnemental, mais pas dans une logique d’affaires pour une entreprise comme Hydro-Québec.

« Sans les subventions, ces coûts devraient être supportés par l’ensemble de la clientèle d’Hydro-Québec, précise Francis Labbé. C’est pour diminuer l’impact tarifaire de ces investissements qu’on va chercher les subventions qui sont disponibles pour la décarbonation. »

Hydro-Québec exploite une vingtaine de centrales qui produisent de l’électricité à partir de mazout ou de diesel dans les communautés éloignées.

La production d’électricité dans les réseaux autonomes compte pour 1 % de la production totale d’Hydro-Québec, mais elle génère le tiers des émissions de gaz à effet de serre de la société d’État. Hydro-Québec voudrait que ces réseaux soient alimentés à 80 % par de l’énergie renouvelable d’ici 2030.