Les liens existants entre l’acquéreur de Résolu et une société déjà exclue de la certification environnementale FSC, Asia Pulp & Paper, amènent Greenpeace à demander l’exclusion de Paper Excellence du FSC.

Le groupe de pression environnementaliste Greenpeace Canada et son vis-à-vis en Indonésie, Auriga Nusantara, interpellent l’un des plus influents organismes mondiaux de normalisation en foresterie durable, le Forest Stewardship Council (FSC), pour qu’il se dissocie de l’entreprise Paper Excellence – récent acquéreur de Domtar et de Produits forestiers Résolu au Canada – en raison de sa parenté d’actionnaires avec une société déjà exclue du FSC, Asia Pulp & Paper, pour ses mauvaises pratiques forestières en Indonésie.

Dans une plainte déposée au FSC, et rendue publique mercredi matin, Greenpeace Canada et Auriga Nusantara soutiennent que « le FSC s’est formellement dissocié d’Asia Pulp & Paper (APP) depuis 2007 en raison de son implication dans des conflits sociaux et la destruction de l’environnement en Indonésie ».

En invoquant des « preuves tangibles et irréfutables » accumulées depuis deux ans, Greenpeace Canada et Auriga Nusantara demandent au FSC de « reconnaître publiquement les liens d’entreprises entre Paper Excellence et APP et de prendre les mesures appropriées pour se dissocier également de Paper Excellence et de ses compagnies affiliées », dont Produits forestiers Résolu et Domtar au Canada et aux États-Unis.

Selon les informations colligées par Greenpeace, Paper Excellence a grossi considérablement ces dernières années au fil d’acquisitions d’importance dans l’industrie des produits forestiers en Amérique du Nord et en Europe.

Selon Greenpeace, cette entreprise contrôlée par des capitaux privés d’origine asiatique possède maintenant 42 usines de pâte à papier, de papier et de bois de sciage au Canada, aux États-Unis et en France qui sont certifiées aux normes du FSC en foresterie durable.

Au Canada seulement, selon Greenpeace, « Paper Excellence est désormais présente dans cinq provinces et gère quelque 22 millions d’hectares de forêts, dont environ 7,3 millions d’hectares au Québec et en Ontario qui sont certifiées [aux normes] du FSC. »

Greenpeace soutient aussi que, depuis son acquisition de Produits forestiers Résolu en début d’année, « Paper Excellence siège même au conseil d’administration de FSC Canada » par l’entremise du siège occupé auparavant par Résolu.

Or, toujours selon Greenpeace, « la politique d’association du FSC interdit aux entreprises liées aux compagnies dissociées d’obtenir sa certification. Cette politique inclut spécifiquement les sociétés mères, les filiales et les sociétés sœurs ».

De l’avis de Shane Moffatt, responsable de campagne chez Greenpeace Canada, le FSC doit « reconnaître que Paper Excellence et Asia Pulp & Paper sont des entités indissociables. Il doit aussi prendre une décision : permettre à une multinationale de l’exploitation forestière de faire main basse sur les forêts canadiennes ou être honnête avec le public concernant ce qui se passe réellement ».

« Pour conserver sa crédibilité, nous attendons du FSC qu’il applique ses propres politiques et se dissocie de Paper Excellence », signale pour sa part Timer Manurung, directeur d’Auriga Nusantara.

« Tout comme les gens en Indonésie, la population canadienne mérite de savoir que la société sœur de Paper Excellence, à savoir Asia Pulp & Paper, est l’une des entreprises qui ont le plus mauvais bilan en matière de déforestation et de contribution aux incendies de forêt dans notre pays. »

FSC : pas de lien au sujet du contrôle

Appelé à commenter ces revendications de Greenpeace Canada et d’Auriga Nusantara à l’égard de Paper Excellence, le PDG de la section canadienne du FSC, François Dufresne, a indiqué à La Presse que la situation de Paper Excellence faisait déjà l’objet d’un « examen sur une base régulière » en raison surtout de sa croissance dans l’industrie des produits forestiers.

Mais en ce qui concerne ses liens avec Asia Pulp & Paper, et qui seraient motif suffisant à son exclusion du FSC selon Greenpeace, François Dufresne indique que « jusqu’à maintenant, [son organisation n’a] pas trouvé de lien de propriété majoritaire [de contrôle] entre APP et Paper Excellence » qui pourrait justifier des mesures spéciales envers Paper Excellence et ses filiales au Canada.

« Si Greenpeace a de nouvelles informations à nous communiquer à cet égard, nous sommes évidemment très intéressés à en prendre connaissance, de même que nos nombreux membres ou interlocuteurs dans le secteur forestier », a indiqué le PDG de FSC Canada.