Un groupe de distillateurs québécois travaille à faire reconnaître leurs boissons qui se distinguent des autres, parce qu’ils les font à partir de produits locaux : céréales, pommes de terre, petit-lait, alouette !

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Le Grand Dérangement est un ambitieux projet lancé dans Lanaudière en 2019. Et qui a nécessité de solides investissements de la part de Marcel Maillot. L’agriculteur travaille avec ce qu’il fait pousser. Mais les affaires ne tournent pas comme il l’avait prévu. L’entrepreneur a observé la multiplication des gins québécois, ces dernières années, avec scepticisme – c’est le moins que l’on puisse dire.

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Marcel Mailhot a plusieurs critiques à faire à propos de la gestion de la production d’alcool au Québec. Il croit que la SAQ pourrait faire plus pour les boissons faites à partir de produits locaux, notamment leur offrir plus de visibilité. Selon lui, les timbres de la SAQ, qui font la différence entre un produit « préparé au Québec », à partir d’alcool acheté, et un produit « origine Québec », soit un alcool fait à partir d’ingrédients locaux, ne sont pas suffisants. Les consommateurs n’y voient pas de différence.

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Pour cela, Spiritueux Québec, le groupe auquel il appartient, veut obtenir une appellation réservée et travaille avec le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants du Québec pour y parvenir. Cinq entreprises font partie du groupe qui porte le projet à bout de bras.

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Ubald Distillerie en fait partie. Selon Hugo D’Astous et Pascale Vaillancourt, copropriétaires de cette entreprise de Portneuf, le Québec aurait grand avantage à investir dans le savoir-faire des distillateurs qui font des créations plutôt que des mélanges. « Le modèle d’affaires est très difficile à rentabiliser quand on part des matières premières du Québec, dit Hugo D’Astous. Le modèle qui fonctionne, c’est le “embouteillé”. Pas d’investissement. Il reste juste à mélanger avec de l’eau et aromatiser. Sans coût et sans distillation. »

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Environ 10 % des distillateurs québécois travaillent à partir d’ingrédients locaux, selon les estimations des distillateurs d’Ubald, alors qu’une autre partie cueille des aromates pour ses alcools. Selon Pascale Vaillancourt, il faut changer le mandat de la SAQ pour lui ajouter aussi l’obligation de faire la promotion des produits locaux.

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La mission du monopole des alcools de l’Ontario s’y attarde, dit-elle. Il y a un endroit « où l’on dit que l’on va mettre de l’avant les viniculteurs, les brasseurs et les distillateurs parce que c’est dit que c’est ce qui crée de la richesse », précise Pascale Vaillancourt.

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À la SAQ, on affirme que plusieurs initiatives existent pour valoriser les alcools faits à partir de produits locaux – dont une promotion le 24 juin et des capsules vidéo présentant les producteurs. Il n’est pas question pour l’instant de faire une place particulière à ces gins et autres spiritueux sur les tablettes, parmi les autres.

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Actuellement, tous les gins québécois trouvent une place sur les tablettes de la SAQ. Mais la société d’État travaille à revoir sa façon de faire pour ramener, dans les 12 prochains mois, une gestion de l’offre qui va mieux refléter les performances des producteurs. Il est probable que les produits non performants perdent leur place sur les tablettes de la SAQ, peut-être même à SAQ.com, dit le directeur de catégorie pour les produits du Québec à la SAQ, Simon Bourbeau.

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La SAQ compte travailler avec l’Union québécoise des microdistilleries dans les mois à venir, en lui présentant notamment un portrait des ventes actuelles. « On va leur dire : “Voici ce que les chiffres nous démontrent”, dit Simon Bourbeau. Par exemple, dans les gins, si les résultats disent que 80 % des ventes sont faites avec 20 % des produits… Si on a 80 % des produits non performants, où trace-t-on la ligne ? »