Les grandes banques d’affaires sont touchées par le ralentissement des activités de financement corporatif que l’on observe depuis un an maintenant. Un ralentissement qui n’a pas touché le cabinet d’avocats McCarthy Tétrault, qui profite de la forte activité générée par les fonds d’investissement privés qui ont pris le relais, explique Karl Tabbakh, associé directeur de la firme pour le Québec et leader de la stratégie internationale du groupe canadien.

La hausse des taux d’intérêt et une activité quasi inexistante au chapitre des nouvelles émissions d’actions ont passablement ralenti les activités des services de financement corporatif de plusieurs grandes banques, tout comme celles des cabinets d’avocats spécialisés en droit des affaires.

« Le robinet du marché des capitaux s’est fermé depuis un an. Il n’y a plus de financements publics qui se font, la mode des SPAC [pour Special Purpose Acquisition Company] s’est estompée, mais il y a eu un déplacement des affaires du côté des fonds d’investissement privés et des caisses de retraite qui profitent de valorisations très attrayantes dans le marché. Nos gens de financement sont toujours très occupés », observe Karl Tabbakh.

Spécialiste des fusions et acquisitions, Karl Tabbakh a entrepris sa carrière chez McCarthy Tétrault, avant de faire un stage de quatre ans dans la grande firme britannique Clifford Chance et de lancer par la suite un fonds d’investissement privé à Dubaï.

Je suis d’origine syrienne, je parle arabe, et j’ai passé huit ans à Dubaï, mais je suis revenu au Québec en 2016 pour devenir associé directeur de McCarthy Tétrault en 2017.

Karl Tabbakh

Karl Tabbakh a notamment participé à l’acquisition d’Alcan par Rio Tinto et à la fusion de Molson-Coors ; ce département reste toujours très actif en dépit du contexte économique difficile, souligne l’avocat.

Depuis qu’il est en poste, la firme McCarthy Tétrault a enregistré une croissance significative, à l’image de l’économie québécoise, qui a bien performé depuis 2017. Le cabinet d’avocats emploie près de 400 personnes dans ses bureaux de Montréal et une trentaine dans celui de Québec. McCarthy Tétrault a aussi des bureaux à Vancouver, Calgary, Toronto, Londres et New York.

Très actif dans les secteurs de l’énergie et des mines, McCarthy Tétrault a aussi une forte présence dans le secteur des services financiers avec une clientèle de grandes entreprises comme la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins, Hydro-Québec, le CN, Bell, Innergex, Boralex, Kruger et la Caisse de dépôt et placement.

« On accompagne nos grands clients dans tous leurs besoins, que ce soit les transactions de fusion et d’acquisition, le litige, le droit du travail ou de l’immobilier. Pour certains clients comme la Caisse ou Hydro-Québec, on réalise certains mandats comme d’autres firmes d’avocats », précise l’associé directeur.

À titre de leader de la stratégie internationale, Karl Tabbakh est responsable des bureaux de McCarthy Tétrault à Londres et à New York et supervise l’attraction de clients internationaux au Canada.

« On se fait référencer des clients par des bureaux d’avocats, tout comme on réalise des missions à l’étranger pour les grands fonds d’investissement. On a accompagné en Asie des sociétés coréennes du secteur de l’énergie qui souhaitaient participer à la chaîne de valeur de la transition énergétique », explique-t-il.

Le retour au bureau

Au cours des dernières années, McCarthy Tétrault a mis sur pied de nouveaux services dont un, MTI+, qui est voué à l’immigration.

« On aide nos clients dans leur processus de recrutement de talents spécialisés à l’étranger. C’est un service de mobilité beaucoup plus personnalisé où on s’occupe de toutes les formalités pour faire venir au pays des travailleurs de l’extérieur », indique Karl Tabbakh.

Le groupe a aussi intégré l’intelligence artificielle pour faire de la révision rapide de documents juridiques afin de pouvoir colliger une preuve électronique.

Au début du mois de juin, McCarthy Tétrault a inauguré ses nouveaux bureaux du 1000 De La Gauchetière Ouest, où le cabinet d’avocats a entrepris d’importantes rénovations qui se sont déroulées durant la pandémie.

La firme a récupéré l’espace qu’elle occupait dans la mezzanine de l’immeuble où elle réalisait toutes ses opérations administratives (le back-office) pour en faire sa réception.

Résultat, on se trouve dans un lieu abondamment éclairé, équipé d’un café-restaurant invitant où employés et clients disposent de nombreux espaces de travail.

« On a ouvert la terrasse qui était difficilement accessible avant. Beaucoup de nos employés viennent y manger le midi. On a créé un espace convivial », m’explique Karl Tabbakh, dans une salle avec une vue superbe sur le centre-ville qui servait jadis à entreposer l’équipement informatique.

« On a signé notre bail en février 2020… avec la volonté de transformer l’espace traditionnel en un lieu collaboratif. La pandémie nous a amenés à pousser plus loin le concept. On voulait que nos gens reviennent au bureau », raconte Karl Tabbakh.

Depuis le mois d’avril, les employés se déplacent au 1000 De La Gauchetière Ouest trois fois par semaine. La firme a décidé de conserver une certaine flexibilité même si son directeur ne cache pas que la présence au bureau fait partie de l’expérience d’un avocat.

« Surtout pour les jeunes. La présence au bureau est un moyen de se développer, notre métier s’apprend par osmose. Manger avec des collègues ou un client dans un resto du centre-ville, c’est pas mal mieux que de manger un sandwich, habillé en mou chez vous », image Karl Tabbakh.