Cette semaine, Eva Hartling, présidente et fondatrice de Femmes de marque/The Brand is Female, répond à nos questions sur le leadership.

Votre étude réalisée en collaboration avec Randstad Canada révèle que 63 % des femmes disent qu’on leur a promis qu’elles auraient les mêmes possibilités que les hommes chez leur employeur, mais estiment que ce n’est pas le cas dans la réalité. Est-ce une nouvelle tendance ?

Cette statistique révèle que plusieurs entreprises font des promesses qu’elles ne peuvent pas tenir. Certaines organisations se targuent d’avoir mis en place des mesures soutenant la diversité, l’équité et l’inclusion, mais en réalité, ce n’est qu’un exercice de communication sans actions concrètes. On parle de greenwashing lorsqu’une entreprise se vante de respecter l’environnement sans le faire véritablement. Eh bien, on assiste aujourd’hui à du pinkwashing. En même temps, il faut reconnaître que ce n’est pas évident de transformer de bout en bout une culture du travail qui a été développée pour les hommes, par les hommes, et c’est pourquoi les entreprises qui réussissent le mieux en matière d’équité et de parité y investissent des efforts importants, généralement amorcés par la haute direction.

Quels sont vos conseils pour les femmes cadres et entrepreneures qui veulent développer un leadership fort ?

Il faut se faire confiance, écouter son intuition et prendre conscience que nous avons droit aux mêmes opportunités que les hommes. Ensuite, il faut s’entourer de sponsors, et pas de mentors. Un mentor peut écouter et donner des conseils, mais un sponsor est celui ou celle qui va nous ouvrir les portes auxquelles nous n’avons pas accès. La réalité aujourd’hui, vu l’absence de parité hommes-femmes dans des postes de haute direction, c’est que nos sponsors seront souvent des hommes. On a besoin de ces alliés pour avancer et atteindre des postes clés ou pour bénéficier d’occasions qui nous sont autrement inatteignables en tant qu’entrepreneures. De leur côté, les entreprises doivent offrir aux femmes un environnement de travail qui correspond à leurs besoins : un mode de travail hybride et flexible, mais surtout des plans d’avancement et de développement dont les jalons sont clairs avec l’équité salariale.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Eva Hartling, présidente et fondatrice de Femmes de marque/The Brand is Female

On observe dans les milieux de travail et dans les médias radiophoniques un retour au mansplaining (mecsplication), au manterrupting. Sentez-vous qu’on fait un pas en arrière à ce sujet ?

La bonne nouvelle, c’est que nous sommes en mesure de reconnaître le phénomène du mansplaining aujourd’hui. On doit maintenant le dénoncer. Le rapport que nous avons récemment publié au sujet de l’équité des sexes en milieu de travail fait référence à des statistiques publiées l’an dernier par McKinsey : 37 % des femmes ont déclaré qu’un collègue s’était déjà vu attribuer le mérite de leur idée, et les femmes cadres étaient deux fois plus susceptibles que les hommes de se faire confondre avec une personne de rang inférieur dans le bureau. C’est la majorité des femmes qui rapportent avoir subi une forme de discrimination, voire de microagression en milieu de travail (le mansplaining en est un exemple), et cela ne change pas assez rapidement. Je reviens à la notion d’alliés : nous avons besoin du soutien des hommes afin de parvenir à atteindre l’équité et de mettre fin à toute forme de discrimination reliée à notre sexe.

Quelle est la mission de Femmes de marque/The Brand is Female ?

Après avoir travaillé près de 20 ans en tant que cadre en communication et marketing dans le monde corporatif, j’y ai observé de près les défis auxquels font face les femmes en matière d’équité et d’avancement, ainsi que le manque de représentation des femmes à la fois dans les conférences et dans les médias. J’ai lancé mon entreprise avec l’objectif de donner davantage de visibilité aux femmes en affaires à travers nos plateformes de contenu (balados, conférences, etc.), en plus de les accompagner par des services-conseils en communication stratégique. J’anime aussi le balado The Brand is Female où j’interviewe chaque semaine une femme en affaires au sujet de son parcours. On a plus de 200 épisodes en banque.