Des mines jusqu’aux scieries, en passant par les pâtes et papiers et les activités des alumineries, le secteur des ressources naturelles est passablement perturbé par les incendies de forêt qui brûlent aux quatre coins du Québec.

Frédéric Verreault, directeur exécutif développement corporatif des Chantiers Chibougamau, avait lundi « les deux mains dans la cellule de crise ». Son entreprise se bat contre le feu sur trois fronts en même temps, à Lebel-sur-Quévillon, en Abitibi et à Chibougamau, a-t-il relaté lors d’un entretien avec La Presse.

À Lebel-sur-Quévillon, la ligne de feu est passée à un demi-kilomètre de l’usine de pâte Nordic Kraft qui appartient à Chantiers Chibougamau. Dire que tout le monde a eu chaud est un euphémisme.

« En deux heures vendredi, on est passés de l’état de préoccupation à une évacuation complète », précise le dirigeant.

Une usine de pâte kraft, c’est un mastodonte industriel qui ne s’évacue pas facilement, explique-t-il. Il y a des procédés industriels complexes, des matières dangereuses en grande quantité et, par conséquent, un risque élevé d’explosion.

« Dieu merci, l’arrosage préventif de l’usine a permis d’éviter le pire, dit Frédéric Verreault. Mais il y a encore de la fumée qui sort du sol et on ne baisse pas la garde. »

Plus à l’ouest, une équipe de 50 employés de l’entreprise, avec de l’équipement lourd, a travaillé à tracer une ligne d’arrêt mécanisée de six kilomètres pour ralentir la propagation des flammes. En Abitibi, où Chantiers Chibougamau exploite trois usines de sciage, La Sarre, Landrienne et Béarn, les activités ont repris lundi après avoir été interrompues pendant le week-end. La qualité de l’air est un enjeu, dit Frédéric Verreault, parce que la fumée des incendies qui brûlent en Ontario affecte aussi la région.

« On est aux aguets », dit-il.

Sur un pied d’alerte

Produits forestiers Résolu « est sur un pied d’alerte », indique le porte-parole de l’entreprise, Louis Bouchard. « Nous suivons la situation à la seconde près. Nos opérations de récolte sont évidemment interrompues, en raison de l’interdiction d’aller en forêt, et nous tentons de rapatrier de la machinerie qui pourrait aider à combattre les incendies », a-t-il fait savoir.

L’entreprise n’a pas interrompu les activités de ses usines de sciage, mais elle pourrait devoir le faire si l’approvisionnement en bois vient à manquer.

En Abitibi, plusieurs mines ont cessé leurs activités pendant le week-end en raison de la mauvaise qualité de l’air qui nuit à l’aération des espaces souterrains. C’est le cas d’Agnico Eagle, Iamgold et Hecla Québec, qui ont réduit leurs opérations et annulé des quarts de travail.

Lundi, une porte-parole d’Agnico Eagle a qualifié la situation de « préoccupante ». « Nous opérons actuellement normalement sur l’ensemble de nos sites, a fait savoir Laurie Théberge par courriel. Nous demeurons bien évidemment à l’affût de toutes nouvelles recommandations qui pourraient être émises par les autorités afin d’assurer un environnement de travail pleinement sécuritaire à tous nos employés. »

À Sept-Îles, les activités de l’aluminerie Alouette ont été affectées indirectement par les incendies, parce que les avis d’évacuation touchent plusieurs de ses employés. Une fois l’état d’urgence déclaré par la Ville, l’entreprise a libéré les employés forcés de quitter leur foyer, mais a demandé aux autres de l’aider à poursuivre ses activités. « Compte tenu de la situation, nous faisons appel à la disponibilité des employés non visés par l’avis d’évacuation et dont la présence pourrait être requise pour assurer des opérations sécuritaires de nos installations », a demandé l’aluminerie dans un message à son personnel.

La Ville de Sept-Îles a maintenu lundi la plupart des avis d’évacuation, qui touchent environ 5000 personnes.