La nouvelle présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec a discuté avec le gouvernement pendant « des semaines et des mois » avant d’accepter le poste et elle sait très bien qu’il y aura des arbitrages difficiles à faire sur les orientations de la société d’État.

Elle se dit prête à y faire face. « J’ai fait ma due diligence, comme on dit dans le monde des affaires, lance-t-elle lors d’un entretien avec La Presse. Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère. »

À l’aube de la cinquantaine, Manon Brouillette succédera le 2 juin à Jacynthe Côté, ancienne PDG de Rio Tinto Alcan, qui occupe le poste de présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec depuis 2018.

La décision de se joindre à Hydro-Québec à un moment charnière de l’histoire de la société d’État n’a pas été difficile à prendre. « C’est beaucoup un coup de cœur pour moi », dit-elle.

Hydro-Québec a rendez-vous avec l’histoire, estime-t-elle. « Ce n’est pas la première fois. Mais à cette étape de ma vie, je me sens privilégiée de participer à ça. »

Au cours des discussions qui ont eu lieu avec le gouvernement, le poste de PDG d’Hydro-Québec laissé vacant par le départ précipité de Sophie Brochu a été offert à Manon Brouillette, croit-on comprendre. Différentes options ont été discutées, dit-elle. « La présidence du conseil d’administration, c’est le poste que je voulais. »

Est-elle inquiète de se joindre à une organisation qui n’a pas de PDG, et donc de ne pas savoir avec qui elle travaillera ? Celle qui devra gérer des arbitrages difficiles a déjà une idée de la personne qui succédera à Sophie Brochu. « On arrive à la fin du processus et il y a une courte liste. Je suis à l’aise avec les noms qui sont sur cette liste », dit Manon Brouillette.

Les défis auxquels Hydro-Québec fait face sont déjà clairs pour Manon Brouillette. « Il faut augmenter l’offre pour répondre à la demande, décarboner l’économie et augmenter l’efficacité énergétique », résume-t-elle.

Elle entend travailler avec le PDG et tout le talent qu’il y a chez Hydro-Québec. « En tant que présidente du conseil d’administration, ma job ne sera pas dans les opérations », précise-t-elle.

Elle estime néanmoins que beaucoup de choses devront être faites. « Il va falloir un plan à long terme qui est exécutable. »

Hydro-Québec a déjà un plan stratégique élaboré sous la gouvernance de Sophie Brochu et qui couvre la période 2022-2026. Ce plan sera-t-il modifié ? Il est trop tôt pour avoir un point de vue là-dessus, estime Manon Brouillette, qui a déjà lu le document.

Manon Brouillette a passé 14 ans chez Vidéotron, dont les quatre dernières comme présidente et cheffe de la direction, de 2014 à 2018. Elle a été recrutée par le géant américain des télécommunications Verizon en 2021, où elle a occupé le poste de PDG de sa principale filiale, Verizon Consumers Group, pendant une courte période.

En plus de son expérience en entreprise, Manon Brouillette a été administratrice de plusieurs organisations d’envergure, dont la Banque Nationale, le Cirque du Soleil, Lightspeed, Altice France, Altice USA et le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.

De son propre aveu, Manon Brouillette aime les défis du genre de ceux qu’offre Hydro-Québec. « S’il y a une super organisation qui passe à travers une transformation et qui a besoin de mon expertise, je ne pense pas que je pourrais dire non », avait-elle dit à La Presse en 2020, avant de se joindre à Verizon.

Qui est Manon Brouillette ?

Née en Mauricie en 1972, Manon Brouillette est diplômée de l’Université Laval et de l’Université Western en Ontario.

Elle a commencé sa carrière au Groupe Cossette Communication et a été vice-présidente, marketing et communications, des boutiques San Francisco avant de se joindre à Québecor Média en 2011.

Elle a ensuite passé 14 ans chez Vidéotron et deux ans chez Verizon à New York.