Quelles sont les pires erreurs de management qu’un gestionnaire puisse faire ? Denis Monneuse, sociologue français et directeur du cabinet-conseil Poil à Gratter, répertorie dans son plus récent ouvrage Errare managerium est les 30 faux pas qu’il faut absolument éviter.

Pouvons-nous apprendre des erreurs des autres pour nous améliorer ? L’auteur Denis Monneuse chasse les fausses croyances à coups de recherche scientifique et d’apprentissages. Plutôt que de suivre notre instinct et de transformer nos collaborateurs en cobayes, il propose de cibler 30 erreurs grossières pour nous en éloigner et ajuster la barre managériale.

Tout le livre est construit autour du sophisme suivant : l’erreur est humaine, les gestionnaires sont humains, ils font donc des erreurs. Et si le meilleur des gestionnaires était celui qui ne commet pas d’erreurs graves ou qui sait comment réparer celles qu’il n’a pu éviter ?

Dans la famille des gestionnaires « à problèmes », le sociologue dresse le portrait de différents profils : le têtu, l’infaillible, l’irresponsable, l’impitoyable, le sauveur, l’ultralibéral, l’inconséquent, le menaçant, le conservateur, l’apprenti sorcier, l’extrémiste, le fainéant, le bling-bling, l’aveuglé, le bancal, etc.

Cibler l’erreur

Un mauvais gestionnaire est la première cause de départs volontaires, souligne l’auteur. Environ les deux tiers des salariés voient leur supérieur comme leur véritable problème au travail et leur principale source de stress. Sans compter l’effet papillon de ce mal-être sur l’entourage proche et, plus largement, sur la société.

Que faut-il éviter, alors ? L’auteur donne l’exemple d’un cas de management bancal vécu dans une entreprise. Ainsi, bien que cette dernière ait adopté une politique sociale généreuse, les employés n’y étaient pas, paradoxalement, plus productifs, et leur taux d’absentéisme n’avait pas diminué. Selon Denis Monneuse, l’erreur consiste souvent à confondre satisfaction au travail et motivation. En effet, des employés peuvent être satisfaits et peu motivés, ou l’inverse.

La satisfaction au travail peut donc être de courte durée. Elle repose souvent sur des facteurs extrinsèques comme la rémunération et les conditions de travail. La motivation, quant à elle, est essentiellement intrinsèque : nature des tâches, responsabilités assumées, possibilités d’avancement, sentiment de reconnaissance, etc. Or, il est souvent plus aisé d’acheter une table de ping-pong que d’accroître le sentiment de reconnaissance, d’autonomie et d’épanouissement des employés.

Corriger l’erreur

Dans l’exemple de management bancal cité par l’auteur, l’organisation avait supprimé une certaine polyvalence au travail et avait retiré à tous les salariés (des téléconseillers) le pouvoir de signer eux-mêmes les contrats, parce que deux d’entre eux n’avaient pas respecté les conditions d’attribution.

Denis Monneuse plaide donc pour une meilleure formation des dirigeants, qui se retrouvent trop souvent au cœur d’injonctions incohérentes ou de décisions arbitraires. « La cause des nombreuses erreurs de management est donc à chercher chez les managers eux-mêmes, certes, mais aussi et surtout dans le système managérial. » À cet égard, une introspection des pratiques organisationnelles s’avérera des plus bénéfiques.

*Cet article est publié grâce à un partenariat avec le magazine Gestion HEC Montréal, où il est d’abord paru.

Errare managerium est – 30 erreurs à éviter pour devenir un meilleur manager

Errare managerium est – 30 erreurs à éviter pour devenir un meilleur manager

Éditions Dunod

224 pages