C’est au Québec que les entreprises prévoient les plus fortes augmentations

Les entreprises revoient à la hausse leurs prévisions d’augmentations de salaires et c’est au Québec qu’elles prévoient d’accorder les plus fortes augmentations en 2023.

Les résultats d’un sondage pancanadien réalisé à la fin de 2022, publiés lundi, ne sont pas de bonnes nouvelles pour la Banque du Canada, qui tente de juguler l’inflation.

Les entreprises confirment qu’elles sont plus que jamais sous pression pour augmenter les salaires, selon la firme spécialisée en rémunération Normandin Beaudry. La moitié des entreprises sondées ont indiqué avoir révisé à la hausse leur budget de rémunération au cours des derniers mois.

Au Québec, les entreprises prévoyaient d’augmenter les salaires de 4,1 % l’été dernier. À l’automne, la hausse prévue était rendue à 4,4 %, la plus élevée au Canada.

La hausse moyenne prévue au Canada et au Québec pour les entreprises non syndiquées est à un niveau très élevé, voire historique, selon Anna Potvin, associée et chef de la pratique de rémunération de la firme. « On n’a pas vu de budgets de rémunération aussi élevés dans les 20 dernières années », précise-t-elle.

Presque la moitié des entreprises prévoient aussi un budget supplémentaire pour fidéliser des employés, éviter des démissions ou faire des ajustements ponctuels en fonction du marché.

C’est aussi une première que cette possibilité de réajuster les salaires en cours d’année soit aussi généralisée, selon Anna Potvin, ce qui prouve que le marché du travail est très serré.

« Même avec une menace de récession, l’effet de la pénurie de main-d’œuvre est tel que la perspective de se départir de certains employés n’est pas envisagée par les entreprises. Elles veulent garder tous leurs gens dans le bateau. »

En incluant le budget supplémentaire prévu par les entreprises, l’augmentation du budget de rémunération pour 2023 atteint 5,1 % au Québec, comparativement à 4,7 % pour la moyenne canadienne.

Ce n’est pas surprenant que ce soient les entreprises québécoises qui prévoient les hausses salariales les plus importantes au Canada, selon la spécialiste en rémunération, parce que c’est au Québec que la pénurie de main-d’œuvre est la plus aiguë.

Les difficultés de recrutement sont assez généralisées parmi les secteurs d’activité, mais les technologies de l’information et le secteur des services en général.

Effet sur l’inflation

À 4,2 %, la hausse moyenne des salaires prévue au Canada (sans budget supplémentaire) par les entreprises non syndiquées a de quoi inquiéter la Banque du Canada, qui craint une spirale salaires-prix qui viendrait contrecarrer ses efforts de réduction de l’inflation.

Déjà, en 2022, les salaires ont augmenté considérablement. Selon Statistique Canada, le salaire horaire moyen a augmenté de 5,1 % à entre décembre 2021 et décembre 2022.

Dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) publié la semaine dernière en même temps que l’annonce d’une huitième hausse de 25 points de base de son taux directeur, la Banque du Canada a souligné que la croissance des salaires était généralisée, mais qu’elle semblait se maintenir autour de 4 % à 5 %.

C’est trop élevé, selon elle. À moins d’une forte croissance de la productivité, « il ne sera pas possible d’atteindre la cible d’inflation de 2 % si la croissance se maintient dans cette fourchette de 4 à 5 % », a prévenu la Banque du Canada.

Les économistes de la Banque Nationale sont du même avis. « Une croissance des salaires restant coincée dans sa fourchette actuelle de 4-5 % serait problématique puisqu’elle pourrait empêcher l’inflation de revenir à sa cible », écrivent-ils dans leur commentaire au sujet du RPM.

Les prévisions d’augmentations salariales énoncées par les entreprises varient selon le type d’organisations. Elles sont de 5 % dans le secteur privé non coté en Bourse, de 4,8 % dans les organismes à but non lucratif et de 4 % dans le secteur public et parapublic.