Magali Picard est officiellement devenue jeudi la première femme et la première Autochtone à présider la plus grande centrale syndicale du Québec, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

Élue sans opposition, elle pourra bénéficier de l’expérience du numéro deux de la FTQ, Denis Bolduc, qui amorce un second mandat comme secrétaire général.

Les 1200 délégués de la centrale lui ont réservé une longue ovation ; certains ont parlé d’un moment « historique » pour la FTQ.

Parfois émue aux larmes, Mme Picard a d’abord parlé aux délégués de justice sociale, de fierté et de combativité.

« Fière Wendate de Wendake », elle a dit en entrevue « amener une énergie nouvelle » à la tête de la centrale de plus de 600 000 membres, bien qu’elle ait tout de même une vingtaine d’années de militantisme derrière elle.

En quoi son leadership différera-t-il du précédent ?

Différer, c’est un grand mot. Je dirais plutôt amener une énergie nouvelle. J’ai vraiment envie d’insuffler une nouvelle approche. Ce dont j’ai envie, c’est de rendre la FTQ accessible. J’ai envie de rassembler non seulement les militants de la FTQ, mais tout le milieu ouvrier au Québec.

Magali Picard, nouvelle présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

Elle qui vient d’un grand syndicat du secteur public fédéral croit que les luttes des travailleurs du privé et du public « sont tout à fait similaires ». Ils parlent de santé et sécurité, de conciliation travail-famille, de salaire minimum, de télétravail, par exemple.

« Les attentes, pour les femmes, pour les groupes d’équité, pour bien des gens, les attentes sont élevées, les espoirs sont là. Et mon intention, c’est de continuer ce que la FTQ fait depuis plusieurs années et d’amener également mes couleurs et mon expérience », a-t-elle confié.

Gouvernements et autres syndicats

Elle qui a surtout eu affaire au gouvernement fédéral devra travailler avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec, réputé peu sympathique aux syndicats.

« Je suis la porte-parole de 600 000 travailleurs et travailleuses. Ils n’ont pas le choix de s’asseoir avec nous, de jaser et de nous écouter. On est là pour leur transmettre des informations, des demandes qui sont essentielles pour la sécurité, pour l’avenir du Québec, et pour leur rappeler à quel point les services publics sont essentiels », affirme-t-elle.

Pour ce qui est de ses relations avec les autres organisations syndicales, il faut compter sur la tradition d’ouverture à tous de la FTQ – ce qui n’est pas le cas de toutes les organisations syndicales.

« À l’intérieur de la FTQ, on a vu une unité qui est très inspirante. On n’a pas le choix de travailler tout le monde ensemble. La FTQ va certainement avoir des discussions avec la FIQ [Fédération interprofessionnelle de la santé, qui représente les infirmières], avec tout le front commun. On doit unir notre force, qui est immense », plaide-t-elle.

Elle devient vite passionnée quand on lui parle du salaire minimum, qui passera de 14,25 $ à 15,25 $ l’heure, le 1er mai. Depuis un certain temps déjà, la FTQ milite pour qu’il passe « minimalement à 18 $ l’heure », un seuil qu’elle a dit dès le départ qu’elle réviserait, selon le contexte inflationniste et économique.

« Ce sont souvent des emplois occupés par des femmes. Comment on va faire pour faire comprendre à ce gouvernement-là qu’on voit leur jeu ? Là, c’est assez ! Qu’ils respectent les plus démunis au Québec ! On va se battre pour ça jusqu’à ce qu’on ait gain de cause. Ce n’est pas normal que deux personnes qui travaillent au salaire minimum aient besoin d’aller dans une banque alimentaire. »