(Ottawa) Immédiatement après l’adoption par la Chambre des communes de la Loi sur les nouvelles en ligne, mercredi après-midi, Meta a réitéré sa menace de retirer les nouvelles de Facebook au Canada.

Dans une déclaration écrite transmise par une firme de relations publiques, la responsable des politiques publiques au Canada de Meta, Rachel Curran, écrit que l’entreprise veut éviter de se « soumettre à des négociations imposées par le gouvernement qui ne tiennent pas suffisamment compte de la valeur que nous offrons aux éditeurs ». La loi, plaide-t-elle, « profiterait principalement aux diffuseurs – et non aux journaux locaux et régionaux ».

La pièce législative proposée par les libéraux de Justin Trudeau vise à forcer les plateformes numériques – principalement Google et Facebook – à conclure des ententes d’indemnisation équitables avec les entreprises de presse pour le partage de leurs contenus journalistiques.

Alors que le projet de loi cheminera vers la Chambre haute, l’entreprise souhaite maintenant faire pression sur les sénateurs. « Nous exhortons le Sénat à examiner sérieusement les implications d’un projet de loi qui aura une incidence sur la façon dont les informations sont partagées en ligne et nuira aux organes de presse locaux novateurs », a déclaré Mme Curran.

Les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates se sont prononcés en faveur du projet de loi et les conservateurs s’y sont opposés. Ainsi, selon les résultats non officiels, 213 députés ont voté pour et 114 contre.

Dans une déclaration écrite, le ministre du Patrimoine canadien et parrain du projet de loi, Pablo Rodriguez, a soutenu qu’il a des « discussions constructives » avec Facebook, tout en reprochant à la plateforme de « jouer au même petit jeu qu’en Australie ».

« En bout de ligne, on veut une presse libre et indépendante au Canada, parce que c’est fondamental à notre démocratie, soutient-il. Les Canadiens doivent avoir accès à des informations précises et fiables. Tout ce qu’on demande aux géants du web comme Facebook, c’est de négocier des ententes équitables avec les médias lorsqu’ils profitent de leur travail. »

Lors d’une comparution cet automne devant le comité du patrimoine de la Chambre des communes, le directeur des politiques mondiales de Meta, Kevin Chan, avait soutenu que les liens publiés sur Facebook redirigeant vers du contenu médiatique génèrent 1,9 milliard de clics par année, ce qui serait l’équivalent de 230 millions.

Or, Meta a usé de la même stratégie en Australie à la suite de l’adoption d’un projet de loi semblable. L’entreprise a d’abord retiré le contenu de nouvelles de sa plateforme, puis, quelques jours plus tard, a fini par faire marche arrière et à conclure d’importantes ententes avec des entreprises de presse.

Plusieurs entreprises de presse ont déjà conclu des ententes individuelles, demeurées confidentielles, avec Meta et Google.

La Presse Canadienne et Meta ont lancé en 2020 un programme visant à fournir une dizaine de bourses par année à de jeunes journalistes en début de carrière.