Cette semaine, le conférencier invité à C2 Montréal David Lee, directeur de la création pour la société américaine de création et d’hébergement de sites Web Squarespace, répond à nos questions sur le leadership.

Q. Depuis que vous êtes chez Squarespace, vous avez dirigé huit campagnes du Super Bowl et remporté un prix Emmy pour la meilleure publicité de l’année en 2017. Comment menez-vous vos équipes vers le succès ?

R. Je pense que le travail de tout leader consiste à créer une étoile polaire vers laquelle son équipe peut se diriger. Pour les créatifs, ce n’est pas qu’une question d’argent et de rémunération. La nature du travail est même plus importante, car nous aimons trouver de nouvelles idées et leur donner vie.

Q. De vos débuts à Montréal chez Sid Lee comme directeur artistique en passant par Wieden+Kennedy à Londres et AKQA San Francisco, quelle est votre stratégie pour rendre vos équipes plus créatives ?

R. Nous pouvons offrir une culture d’entreprise et un bel espace de travail optimisés pour que les gens soient créatifs, mais cela ne suffira pas. Vous êtes ce que vous vivez dans votre vie, donc pour être plus créatif, vous devez être une éponge et absorber de nouvelles choses chaque jour. La créativité consiste simplement à créer des liens entre des pensées et des expériences disparates qui se connecteront un jour pour former une nouvelle idée. Si vous ne vous inspirez que de votre secteur d’activité, tout se ressemblera. Inspirez-vous de différents endroits et mettez-vous dans de nouveaux environnements, que ce soit en allant au musée, en lisant un nouveau livre, en écoutant différents types de musique ou en voyageant dans un nouveau pays où vous n’êtes jamais allé. Un jour, une nouvelle grande idée surgira au moment où vous vous y attendrez le moins.

Q. En tant que leader, comment développez-vous votre propre créativité ?

R. Je suis une personne qui a besoin de temps seule pour développer des idées. J’ai appris à être un très bon extraverti à petites doses, mais je sais aussi qu’en abuser m’épuise. Je suis un sprinteur, pas un marathonien, ce qui signifie que j’ai besoin de temps pour récupérer entre les sprints. C’est sur la route, en mouvement constant, que je réfléchis le mieux. Que ce soit en courant à l’extérieur, ou simplement en rêvassant par la fenêtre d’une voiture ou d’un train. Je suis quelqu’un qui a besoin de moments calmes afin de laisser les idées venir naturellement sans essayer de les forcer. Cela, combiné à la quantité anormale de voyages que je fais chaque année, me donne le temps de rêvasser. Voilà ma recette pour la créativité.

Q. Quelle est la meilleure façon de faire ressortir le talent de chaque employé ?

R. Il n’y a pas deux individus identiques. Certaines personnes ont un esprit de compétition et ont besoin de « tough love » pour les stimuler. D’autres ont besoin d’une approche plus sensible pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes. Être un leader créatif consiste en partie à être un caméléon et à trouver des moyens de se connecter à chacun de manière holistique et individuelle à la fois. J’essaie de trouver la veilleuse dans chaque personne à qui je parle pour voir comment je peux être l’étincelle qui l’allumera.

Q. Vous avez mené avec succès des campagnes importantes et stressantes. Comment gérez-vous le stress et le poids de ces contrats prestigieux ?

R. J’ai appris à aimer vivre avec l’inconfort. La nature humaine est de fuir ce sentiment. Or, j’ai pris l’habitude de foncer droit dessus. Si je ne ressens pas les papillons dans mon estomac, ça signifie que je ne me pousse pas à sortir de ma zone de confort. La seule façon de grandir, c’est de se lancer, parfois à l’aveuglette, et de relever le défi. Oui, il y a des moments stressants où les enjeux sont très élevés, mais je dois constamment me rappeler que ce que nous faisons dans le grand schéma des choses n’est pas une question de vie ou de mort. Vous ne pouvez pas craindre l’échec au point de ne jamais essayer, car c’est ainsi que vous grandirez. Même si vous tombez, vous serez capable de vous relever et de continuer. Nous devrions être reconnaissants de pouvoir faire ce que nous faisons chaque jour. Appréciez-le et laissez ce sentiment d’inconfort vous guider.