La grève générale à la fromagerie Agropur à Granby produit d’importantes pertes économiques et du gaspillage alimentaire, selon les Producteurs de lait du Québec, qui s’inquiètent de voir perdurer le conflit de travail. Ils demandent aux parties patronale et syndicale de s’entendre.

Le conflit de travail qui persiste à l’usine d’Agropur Coopérative à Granby entraîne des millions de dollars de pertes aux producteurs laitiers vu le gaspillage causé par l’arrêt de ses activités, indique Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec.

Quelque 9,5 millions de litres de lait sont transformés chaque jour au Québec, selon les Producteurs de lait du Québec. L’usine Agropur Coopérative à Granby transforme à elle seule près de 800 000 litres de lait entier par jour, affirme Daniel Gobeil, au téléphone. Ainsi, sa fermeture temporaire perturbe l’équilibre des approvisionnements.

Lundi matin, Daniel Gobeil s’est adressé au président d’Agropur Coopérative, Roger Massicotte, ainsi qu’au président du syndicat de l’usine de Granby, Daniel Chaput, pour faire pression sur les parties.

Les Producteurs de lait du Québec vous demandent de négocier avec diligence et engagement pour éviter le gaspillage alimentaire et pour mettre fin aux pertes économiques que subissent actuellement les producteurs en raison du conflit.

Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec

Rappelons que le 29 juin, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) a déclenché une grève générale illimitée dans le cadre de sa négociation avec Agropur. L’employeur avait déposé 158 demandes visant 32 des 33 articles de la convention collective.

La coopérative laitière exigeait notamment des horaires qui allaient à l’encontre de la conciliation travail-famille, explique Bernard Cournoyer, conseiller syndical à la CSD, au téléphone. Selon lui, il s’agit de demandes « irréelles ». Il n’y aura pas de consensus tant que l’employeur exigera des conditions de travail qui bousculent la vie familiale des travailleurs, insiste-t-il.

Plus tôt en juillet, le syndicat avait offert à Agropur de mettre fin à la grève si l’organisation ne mettait pas en vigueur les horaires de travail proposés.

« Il appartient à Agropur de démontrer la volonté nécessaire pour régler ce conflit », avait été cité Bernard Cournoyer dans un communiqué.

Après 24 jours de conflit, les employés de l’usine de Granby ne sont toujours pas de retour au travail. Des négociations sont en cours depuis lundi, et ce, jusqu’à vendredi, souligne le conseiller syndical.

Gaspillage malgré les efforts

La fermeture de l’usine de Granby génère des surplus abondants de lait entier. Pour minimiser le gaspillage, des usines à travers le Québec, l’Ontario et les Maritimes sont sollicitées. Certaines ont même transformé gratuitement le lait entier pour des banques alimentaires, indique Daniel Gobeil.

Les capacités existantes de transformation sont toutefois insuffisantes pour répondre au volume des surplus laitiers occasionné par la fermeture de l’usine de Granby, explique le président des Producteurs de lait du Québec. Par conséquent, on observe du gaspillage alimentaire, qui suscite des enjeux financiers importants, au niveau des sous-produits de la transformation, affirme-t-il.

« Ce sont les producteurs qui supportent collectivement ces pertes de revenus de lait entier ou de composants avec les sous-produits. Il n’existe aucun programme pour couvrir ces pertes qui se chiffrent à plusieurs millions de dollars », peut-on lire dans la lettre de Daniel Gobeil.

Un retour au travail espéré par tous

Conscient que le conflit génère de la pression sur les producteurs laitiers, Agropur espère un retour au travail rapide, affirme Mylène Dupéré, vice-présidente, communications corporatives de la coopérative.

L’entreprise souhaite trouver une entente « équitable pour les employés tout en permettant à l’entreprise de demeurer concurrentielle dans le marché », souligne-t-elle.

Les travailleurs de l’usine souhaitent également un retour au travail prochainement, mais seulement si l’employeur considère les revendications du syndicat. « Les gens veulent retourner au travail et s’opposent au gaspillage alimentaire », signale Bernard Cournoyer, en réponse à la lettre de Daniel Gobeil. « Nous avons les mêmes urgences que les Producteurs de lait du Québec. »