Les consommateurs qui espéraient faire leurs emplettes des Fêtes sur le site transactionnel du Panier Bleu devront attendre à l’année prochaine. Un peu moins d’un an après l’annonce de la mise en place d’une plateforme transactionnelle, prévue pour cet automne, le projet se fait toujours attendre. Si des commerçants québécois souhaitaient profiter de cette manne, ils devront vraisemblablement patienter.

Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, fera une annonce à ce sujet au cours des premiers mois de 2022. Le directeur général du Panier Bleu, Alain Dumas, assure pour sa part que le projet « avance », sans donner de date butoir. Depuis sa création, l’organisme à but non lucratif (OBNL) a reçu 4,4 millions en subventions de la part de Québec.

Au moment de son lancement par le gouvernement de François Legault au début de la pandémie, le Panier Bleu, dont l’objectif est de stimuler l’achat local, avait essuyé de vives critiques, puisqu’il ne permettait pas aux consommateurs d’effectuer des transactions. On avait même comparé la plateforme, sur laquelle on trouve un répertoire de marchands et de produits québécois, aux Pages Jaunes.

Dans le but de faire contrepoids à Amazon, en janvier de cette année, Alain Dumas – qui était alors en compagnie du ministre Fitzgibbon – avait annoncé qu’une « place de marché » regroupant tous les détaillants québécois qui souhaitaient y adhérer serait prête cet automne, juste à temps pour le magasinage de Noël. L’idée était de permettre de faire des achats directement sur le site. On avait annoncé que Desjardins et la Banque Nationale investissaient conjointement 600 000 $, auxquels s’ajoutaient 300 000 $ versés par le Panier Bleu. On ignore toujours pour l’instant l’identité de l’entreprise ou de l’organisme qui dirigera cette plateforme.

Dans une déclaration envoyée à La Presse par courriel, mardi, M. Dumas n’a pas caché qu’il souhaitait prendre son temps. « Le projet de Panier Bleu avance et nous sommes confiants d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Cela dit, on s’assure de bien faire les choses et on prend le temps nécessaire pour nous assurer de répondre aux besoins des commerçants québécois et poursuivre le mouvement en faveur de l’achat local et de proximité. »

Questionné à ce sujet il y a plus d’une semaine, à l’issue de l’inauguration de l’entreprise Ferme d’hiver, M. Fitzgibbon a pour sa part répondu qu’il devrait « faire une annonce dans le premier trimestre 2022 ».

« On a promis, on veut regarder pour un site transactionnel, a-t-il assuré. Je pense que c’est encore plus requis, on sort de la pandémie, les habitudes des consommateurs ont changé. C’est sûr qu’il y a Amazon, Amazon va rester. Mais si on peut permettre à nos producteurs locaux de pouvoir avoir une plateforme… On travaille avec différents joueurs. »

Le site actuel du Panier Bleu donne accès à une banque de produits et de commerces. Lorsque le consommateur clique sur le casse-tête ou le chandail convoité dans le but de l’acheter, par exemple, il est redirigé vers le site web de l’entreprise qui le vend et peut procéder ensuite à la transaction.

D’autres façons d’acheter québécois

Par ailleurs, s’il salue l’idée de créer une place de marché à la sauce québécoise, François Vincent, vice-président Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), affirme ne pas avoir senti de déception chez ses membres par rapport au délai de réalisation de la plateforme. « On peut déjà [acheter] québécois en ligne. Il suffit de faire deux ou trois clics de plus, rappelle-t-il. Qu’il y ait cet outil ou pas, la clé, c’est de changer les habitudes des consommateurs. Chaque jour est un combat pour favoriser l’achat local. »

À la lumière d’un sondage mené au cours de l’été par la FCEI auprès de ses membres, la conception d’un site web consacré à l’achat québécois compte parmi les mesures à privilégier dans la promotion de l’achat local pour seulement 29 % des répondants. Par comparaison, 53 % croient qu’il faut « encourager les ministères et les agences gouvernementales à s’approvisionner davantage auprès des PME locales » et 44 % estiment que l’on doit « intensifier les campagnes de communication visant à encourager l’achat local ».

De son côté, le directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Jean-Guy Côté, tient à rappeler qu’une telle initiative ne se fait pas « sur un coin de table ». « C’est clair qu’on espère que ça soit mis en place le plus rapidement possible. Mais il faut arriver avec une stratégie bien ficelée. Le pire qui pourrait leur arriver, c’est qu’il y ait des bogues. »

Le Panier Bleu en bref

Fondation : avril 2020

Nombre de commerces inscrits sur le site depuis le lancement : 24 762

Nombre de visiteurs uniques : 100 000 par mois en moyenne

Appel à tous

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