Pendant qu’ici on se livre à une course pour être les premiers à recevoir les vaccins et qu’on discute de qui doit être vacciné avant qui, il y a beaucoup de pays dans le monde qui ne sont pas certains que les petites fioles se rendront jusque chez eux.

C’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé le COVAX, une initiative qui a pour but d’offrir les vaccins contre le coronavirus dans les pays les plus pauvres du monde. Une grande collecte de fonds a été lancée à l’échelle internationale auprès des pays et des entreprises pour financer l’achat de vaccins pour tout le monde.

Ce n’est pas leur demander la charité. Personne ne sera en sécurité tant que le monde entier ne le sera pas, comme le répète le directeur général de l’OMS. Presque toute la planète est d’accord avec ça, à l’exception des États-Unis et de la Russie, qui ne font pas partie des pays qui ont adhéré aux objectifs du COVAX.

Le COVAX s’est donné comme objectif que 20 % de la population mondiale puisse être vaccinée en 2021 et estime qu’il lui faudra quelque 7 milliards US pour y parvenir.

Le remède qui réussira à mettre fin à la pandémie a peut-être une valeur inestimable, il reste que les vaccins tant attendus ne sont pas gratuits. Selon les informations disponibles, le COVAX a estimé le prix moyen d’une dose à 5,20 $ US, alors que le coût des deux vaccins les plus avancés, celui de Pfizer et celui de Moderna, est infiniment plus élevé.

Une dose du vaccin de Pfizer coûterait entre 18,40 et 19,50 $ US, tandis que celui de Moderna pourrait coûter entre 25 et 37 $ US la dose, selon les informations de l’agence Reuters.

Les autres vaccins en développement, il y en a plus d’une centaine, pourraient coûter moins cher et, surtout, être plus faciles à administrer partout dans le monde que celui qui doit être conservé à - 80 °C… Ça reste à voir.

En attendant, malgré l’appel à la générosité de l’OMS, les pays qui en ont les moyens se préoccupent surtout d’assurer leur propre approvisionnement en vaccins. Le Global Health Innovation Center de l’Université Duke, en Caroline du Nord, qui suit le rythme des réservations faites entre les pays et les entreprises qui ont développé ou développent des vaccins, a constaté que presque 10 milliards de doses de vaccins avaient été réservées le 11 décembre, avant même que le premier vaccin n’arrive sur le marché.

Des milliards de dollars ont déjà été engagés pour obtenir le plus grand nombre de doses possible. Les pays qui ont sécurisé le plus grand nombre de doses sont, dans l’ordre, les États-Unis, les membres de l’Union européenne et l’Inde. Le Canada, avec sa population de 38 millions d’habitants, a passé des commandes pour plus de 400 millions de doses de vaccins auprès de différentes entreprises. C’est assez pour vacciner tout le monde au moins six fois !

Bien sûr, les entreprises qui doivent livrer ces vaccins ne réussiront pas toutes et il vaut sûrement mieux en faire plus que moins, au cas où. N’empêche, le Canada dépasse tous les autres pays à ce chapitre.

La pandémie de coronavirus a accru les inégalités au sein de la plupart des pays, mais aussi entre les pays du monde. Les pays les moins nantis, soient ceux dont le PIB par habitant est de 5000 $ US ou moins, selon la définition de la Banque mondiale, n’ont rien réservé du tout, selon les informations disponibles.

Si tous les vaccins offerts sont achetés ou réservés par les pays les mieux nantis, il n’y en aura pas suffisamment pour les autres, même si le COVAX réussit à réunir assez d’argent pour les acheter. Il faudrait 2 milliards de doses pour immuniser 20 % de la population la plus pauvre du globe d’ici un an.

Il faut s’attendre à ce que les pays qui vont se retrouver avec un surplus de doses les donnent pour qu’elles soient redistribuées à ceux qui n’en ont pas eu assez. Mais avant que ça arrive, on peut parier que tout le monde s’assoira sur son stock de vaccins pendant un certain temps, au cas où le virus resurgirait. Un semblant de vie normale pourrait revenir dans une partie du monde. Mais la vaccination et la reprise économique dans les pays laissés pour compte pourraient prendre des années encore.