L’équipe de Médi-Sécur avait vu venir la pénurie d’équipement de protection médicale avec trois semaines d’avance. En une semaine, elle a conçu avec un manufacturier québécois une blouse lavable pour pallier la pénurie. Hydrofuge et réutilisable, la « jaquette » destinée aux premiers répondants et au personnel de la santé apaise les craintes.

« Il y a trois semaines, les stocks de blouses de protection de nos clients baissaient déjà. Il fallait trouver une solution », explique Marc Forget, président de Médi-Sécur. L’entreprise établie à Terrebonne vend et fabrique de l’équipement médical depuis 2006.

L’équipement de protection, c’est un ensemble. Il faut des gants, une blouse, un masque et préférablement une visière pour se défendre contre un ennemi invisible et contagieux comme le virus causant la COVID-19. C’est tout ou rien pour se sentir complètement protégé contre la maladie, pense M. Forget.

Son entreprise a conçu en sept jours une blouse de protection réutilisable, produit évoqué par François Legault en point de presse lundi. Ce vêtement de protection durable conçu au Québec pourrait servir bien au-delà de la pandémie. Il permettrait de ne pas dépendre d’autres pays pour assurer la sécurité du personnel à risque, juge M. Forget.

Faite d’un textile antibactérien, la blouse se lave à l’eau et au détergent. Vendue par Médi-Sécur depuis deux semaines, elle a une durée de vie de plus de 10 ans. Ceux qui la portent se sentent beaucoup moins à risque, en plus de ne pas avoir à se soucier des stocks qui diminuent.

Il faut toutefois instaurer un bon système de lavage pour éviter qu’une blouse contaminée soit réutilisée. Quand il est question de transmission d’infection, le jetable a la priorité. C’est plus simple à gérer. Dans le milieu hospitalier, il y a des protocoles avec des buanderies. Pour le préhospitalier, c’est une étape de plus.

Une clientèle élargie

Avant la crise, Médi-Sécur fournissait surtout les intervenants du domaine préhospitalier. Des gens de première ligne, comme les ambulanciers et les corps policiers du Québec. Sa clientèle s’est étendue au réseau de la santé, vu la demande fulgurante. D’autres nouveaux acheteurs sont plus inusités : le milieu de la restauration souhaite protéger ses livreurs, tout comme les salons funéraires veulent préserver leurs employés du risque de contracter le virus.

Certains sont paniqués par la grave pénurie. C’est tragique, je sentais l’anxiété.

Marc Forget

M. Forget, sa conjointe, Joyce Beauvais, vice-présidente de l’entreprise, et leur fils Joël Forget, qui prête main-forte, ne chôment pas par les temps qui courent. « On fait du sept jours sur sept. Les employés rentrent six jours par semaine », lâche-t-il.

La blouse réutilisable rassure beaucoup d’ambulanciers. Pour les masques, c’est une autre histoire. Impossible de leur en fournir. « Nous, on est à sec. C’est la guerre pour en avoir », déplore M. Forget.

Il demeure prêt à trouver des solutions créatives pour répondre aux besoins de sa clientèle, qui se retrouve sur le front.

« Le peuple québécois est ingénieux. C’est tragique, cette pandémie qui nous affecte tous, mais je suis sûr que de belles initiatives surgiront de cette crise. »