Marie-Claude Boisvert, chef de l'exploitation à Desjardins Entreprises Capital régional et coopératif, reçoit cette année le prix Inspiration - Andrée Corriveau de l'AFFQ. La Presse l'a rencontrée pour faire le point sur une carrière bien remplie et sur la place des femmes dans l'industrie.

Comment avez-vous réagi en apprenant qu'on vous décernait le prix Inspiration ?

Avec grande surprise ! Je fais juste mon travail avec passion. J'essaie de donner le meilleur de moi-même, je suis une fille qui travaille en équipe. On m'a peut-être choisie parce que j'avais donné une conférence sur le livre Flourish de Martin E.P. Seligman à Premières en affaires. C'était Liza Frulla qui m'avait interviewée et je pense que ça a fait du chemin.

Vous êtes dans le milieu de la finance depuis de nombreuses années. Qu'est-ce qui a le plus évolué au fil des ans ?

Ce n'est pas tout à fait la finance qui a changé, c'est l'environnement, poussé par la démographie et la technologie. Je travaille dans le capital de risque et on finance beaucoup de transferts d'entreprise. Plusieurs compagnies, généralement à propriétaire unique, sont vendues aujourd'hui par des personnes qui ont de 70 à 80 ans. Elles sont souvent reprises par des groupes d'individus qui ont plutôt de 35 à 45 ans. Ce sont donc des changements de génération que l'on voit. Ça nous force à évoluer, mais c'est passionnant.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fière ?

C'est d'avoir solidifié les assises du fonds que l'on gère. Cette année, on a annoncé une septième année consécutive de rentabilité. Dans notre métier, ce n'est pas toujours facile et je suis assez fière de ça. C'est vraiment un travail d'équipe, alors je suis contente. Et tout ça avec des employés heureux. Je le dis avec fierté : le taux de mobilisation est encore à 85 % dans la dernière année.

Que voulez-vous accomplir maintenant ?

Avec nos partenaires, on a un mandat à la fois de générer de la rentabilité pour nos actionnaires, mais aussi de générer du développement économique. Je trouve que c'est le plus beau métier du monde parce qu'on aide à construire un Québec entrepreneurial plus fort. Je rêve qu'on réussisse à aider le Québec à vivre le transfert des entreprises. Je souhaite voir plus de grandes entreprises. On a beaucoup de petites entreprises au Québec, on essaie de mettre en place plein de choses pour qu'elles puissent croître, s'internationaliser et assurer leur pérennité en maintenant le patrimoine ici.

Quels seront les prochains défis pour les femmes, selon vous ?

Certains secteurs de la finance manquent de femmes. Dans le métier que j'exerce, on est en minorité. Il y a encore du travail à faire. Il faut se laisser guider par la passion, mais aussi la garder en vie. Les défis sont grands, tout va très vite, alors il faut bien se connaître, savoir ses valeurs et faire ce qu'on aime. Je pense que quand on fait ce qu'on aime, on est vraie. On a ainsi plus de chances de passer à travers les obstacles.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui amorcent leur carrière en finance ?

En début de carrière, il faut essayer un peu de tout, même ce qui nous sort de notre confort. C'est de cette façon qu'on peut trouver ce qui nous passionne et rejoint nos valeurs. On est aussi plus créative et on peut devenir meilleure.