L'Allemagne continuait lundi à faire campagne pour des modifications des traités européens visant à renforcer la discipline budgétaire, qui sont selon elle le préalable à tout règlement de la crise de la dette.

«La France et l'Allemagne font exactement ce qu'ils avaient annoncé, à savoir travailler à des propositions pour des changements limités et concrets des traités» européens, a dit lundi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse.

Le gouvernement allemand a par ailleurs démenti fermement une information de presse sur l'émission éventuelle d'obligations communes aux pays de la zone euro dotés d'une note de solvabilité «AAA», autrement appelées «obligations d'élite».

«Il n'y a pas de projet d'obligations d'élite ou d'obligations AAA», selon le communiqué du ministère des Finances, publié en réponse à un article paru dans le quotidien Die Welt.

Ces titres de dette pourraient selon le quotidien être émis en commun par les pays de la zone euro disposant de la meilleure note financière (AAA) avec un taux d'intérêt qui pourrait descendre jusqu'à 2% à 2,5%.

Les moyens financiers récoltés pourraient ensuite être mis à disposition du fonds de secours européen FESF pour aider les pays de la zone euro en difficulté ou garantir des rachats d'obligations par la BCE.

L'idée est en discussion depuis «plusieurs semaines», affirme Die Welt.

Mais la ligne officielle de Berlin est toujours que le salut viendra de changements des traités instaurant plus de discipline budgétaire. «Il n'y a pas d'alternative à (la création) d'une union de la stabilité», a déclaré le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert.

«Nous voulons y arriver via des changements des traités, et proposons pour cela d'imposer des règles strictes de déficit pour les budgets des États», a rappelé le ministère des Finances, qui juge que ces réformes des traités peuvent «être faites rapidement».

«C'est de cette manière que nous regagnerons la confiance des marchés», et «tout cela n'a rien à voir avec des obligations d'élite», affirme encore Berlin, qui assure que ce projet n'a été évoqué ni lors d'une rencontre la semaine dernière du ministre Wolfgang Schäuble avec ses homologues finlandais et néerlandais, ni dans des discussions avec les Britanniques.

L'Allemagne est actuellement pressée de toutes parts par ses partenaires européens d'en faire plus contre une crise de la dette qui se propage à toute la zone euro, que ce soit en ouvrant les vannes de la Banque centrale européenne ou en consentant à la création «d'euro-obligations».

Mais les moyens financiers de l'Allemagne «ne sont pas infinis», a répliqué lundi M. Seibert.

«Nous aussi nous avons notre dette à réduire», a-t-il déclaré, «nous n'avons pas une force de frappe financière infinie».

«Nous sommes forts, mais nous ne sommes pas d'une force illimitée», a-t-il dit à propos de l'Europe et de l'Allemagne, dont la dette pèse plus de 80% du Produit intérieur brut.