Les consultations entre responsables européens se sont intensifiées mardi pour tenter de circonscrire la crise de l'euro qui menace à présent la France, dans un contexte mondial encore exacerbé par l'impasse politique aux États-Unis sur la limitation de la dette.

Pour son premier déplacement à l'étranger, le nouveau chef du gouvernement italien, Mario Monti, était attendu en milieu de journée à Bruxelles pour des entretiens avec les présidents de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et de l'UE, Herman Van Rompuy.

Mario Monti, un ancien commissaire européen qui pilote également le ministère de l'Economie, a présenté la semaine dernière un programme très ambitieux d'austérité et de relance pour restaurer «la crédibilité» de l'Italie et contribuer à sauver l'euro.

Troisième économie européenne, l'Italie, endettée à hauteur de 1900 milliards d'euros, risque l'asphyxie en raison de la montée vertigineuse des taux de ses emprunts d'État.

Quant au nouveau Premier ministre grec, Lucas Papademos, après avoir rencontré lundi mm. Barroso et Van Rompuy à Bruxelles, il a été reçu mardi à Luxembourg par Jean-Claude Juncker.

Les ministres des Finances de la zone euro, dont M. Juncker est le chef de file, ont réclamé des engagements écrits au gouvernement grec sur l'application des mesures d'austérité et les réformes structurelles, avant le versement vital de 8 milliards d'euros de prêts d'ici la mi-décembre.

Or M. Papademos n'a pas apporté cet engagement lundi. Il a promis que le gouvernement grec d'union nationale s'y tiendrait, mais a appelé les partis qui le soutiennent à en faire autant «pour dissiper les incertitudes et les ambiguïtés».

Après avoir dévissé lundi, les Bourses européennes ont ouvert en hausse mardi, un rebond technique qui n'empêchait toutefois pas les tensions de perdurer, en particulier à cause du marché de la dette, où les taux auxquels les États empruntent atteignaient des records.

Les marchés étaient inquiets des menaces sur la note «triple A» de la France après un nouvel avertissement de l'agence Moody's lundi, qui risque de se traduire par une prochaine dégradation de la note souveraine française.

Dans ce climat de tension sur les marchés, le Trésor espagnol a émis mardi pour 2,978 milliards d'euros de bons à 3 et 6 mois à des taux d'intérêt en très forte hausse. La victoire de la droite aux législative de dimanche n'a pas réussi à rassurer.

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné le besoin de réformes rapides en Espagne dans une lettre au vainqueur, le chef des conservateurs espagnols, Mariano Rajoy.

L'agence de notation Fitch a annoncé le même jour qu'elle maintenait la note AA- de l'Espagne, mais a appelé à des «mesures supplémentaires» pour réduire le déficit public.

Dans ce contexte, les appels à la Banque centrale européenne pour qu'elle joue un rôle accru afin d'éteindre l'incendie de la crise de la dette en zone euro continuent de se multiplier.

L'ambassadeur des États-Unis auprès de l'Union européenne, William Kennard, a laissé entendre mardi qu'elle avait le «potentiel» de faire davantage afin de résoudre la crise.

Une source proche de la Commission européenne a aussi estimé à Berlin que la BCE était «l'alternative principale» à court terme pour lutter contre la contagion de la crise de la dette. Et pour l'ancien PDG du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade, si la BCE n'intervient pas plus sur le marché des dettes publiques, «c'est la crise de 1929».

Mais l'Allemagne, et la BCE elle-même, s'opposent pour le moment à ce que l'institution joue le rôle de «prêteur en dernier ressort» en achetant massivement de la dette des États en difficulté.

L'inquiétude des marchés mardi tenait aussi aux mauvaises nouvelles venues d'outre-Atlantique où, après trois mois d'efforts, la «super-commission» du Congrès chargée de réduire la dette des États-Unis a annoncé lundi qu'elle n'était pas parvenue à un accord entre gauche et droite.

Les 12 membres de cette commission devaient trouver des solutions pour réduire de 1200 milliards de dollars le montant de la dette américaine, qui a atteint 15 000 milliards de dollars.