Chômage record des jeunes et croissance revue à la baisse pour 2011 comme 2012: les mauvaises nouvelles économiques ont continué de s'abattre mercredi sur le Royaume-Uni, dont les dirigeants pointent désormais systématiquement du doigt la crise dans la zone euro.

Pour la première fois depuis que ce type de statistiques existe, le nombre de jeunes à la recherche d'un emploi a dépassé le cap du million, un chiffre aussitôt repris par les médias comme le symbole d'une économie au bord du gouffre.

Simultanément, la Banque d'Angleterre revoyait en nette baisse ses prévisions de croissance, ne tablant plus que sur 1% environ pour 2011 comme 2012, contre au moins deux fois plus il y a an.

Selon des chiffres officiels, le taux de chômage britannique a grimpé à 8,3% fin septembre, contre 8,1% un mois plus tôt, battant un nouveau record depuis 17 ans, avec 2,62 millions de personnes à la recherche d'un emploi.

Les jeunes de 16 à 24 ans sont de loin les plus touchés, avec un taux de 21,9%. Cet indicateur est suivi de particulièrement près depuis les émeutes de l'été dernier, qui ont frappé plusieurs villes du pays, impliquant de nombreux jeunes de quartiers déshérités.

Le gouvernement a immédiatement réagi à cette mauvaise performance en soulignant l'impact sur le Royaume-Uni de la crise de la dette chez ses voisins européens.

«Ces chiffres montrent à quel point notre économie est affectée par la crise dans la zone euro», a affirmé le secrétaire d'État à l'emploi, Chris Grayling.

«Nos partenaires européens doivent agir de manière urgente», a-t-il ajouté. Il répétait des appels du même type déjà formulés par le premier ministre conservateur David Cameron et son ministre des Finances George Osborne, quitte à susciter l'agacement croissant de la France et de l'Allemagne.

Peu avare ces derniers temps en critiques sur l'«inaction» des dirigeants européens, M. Cameron se classe désormais lui-même dans les rangs des «sceptiques» sur l'Europe. Il devrait se rendre en fin de semaine à Berlin pour y rencontrer la chancelière Angela Merkel.

Dans un rapport publié également mercredi, la Banque d'Angleterre (BoE) a elle aussi mis en avant la situation dans la zone euro pour expliquer la dégradation des perspectives économiques du Royaume-Uni.

Selon elle, l'absence «de réponse crédible et efficace» à la crise de la dette est «le principal danger» qui menace la reprise de l'économie britannique.

Le syndicat Unite, un des principaux du pays, a insisté pour sa part sur les conséquences pour l'emploi de la politique d'austérité sans précédent menée depuis 18 mois par le gouvernement, l'accusant d'avoir «créé une génération perdue».

L'opposition travailliste a abondé dans le même sens, en assurant «que le prix payé par les jeunes pour la politique économique du gouvernement est désormais parfaitement clair».

Les experts ont rappelé de leur côté que la dégradation du marché de l'emploi britannique avait commencé avant la crise actuelle dans la zone euro.

Cette crise a néanmoins sérieusement contrarié les plans du gouvernement, qui comptait sur une reprise des exportations pour compenser la perte des centaines de milliers emplois publics prévus dans son plan de rigueur.

Sur le front du chômage «le pire est à venir», a prévenu Michael Saunders de Citi Economics, en estimant que le cap des 3 millions de chômeurs serait dépassé avant la fin de l'année prochaine.

Deux annonces, intervenues précisément mercredi, ont semblé lui donner raison : le fournisseur d'énergie British Gas a fait part de son intention de supprimer 850 emplois dans le pays, suivi de près par le géant minier Rio Tinto, qui va fermer une fonderie d'aluminium où travaillent 515 personnes.