Ottawa n'avait rien de neuf à offrir au contribuable moyen dans son budget d'hier. Mais le gouvernement conservateur a quand même annoncé quelques mesures ciblées - 160 millions pour les aidants naturels et 300 millions pour les personnes âgées les plus démunies -, deux initiatives visant à plaire à l'opposition, mais ce ne sera pas suffisant car aucun parti n'a l'intention d'appuyer le budget.

Exhaussant l'un des souhaits les plus chers du NPD, Ottawa accorde une prestation supplémentaire à quelque 680 000 aînés qui ont du mal à joindre les deux bouts.

«Partout au Canada, des aînés ont de la difficulté à payer leurs factures chaque mois. Ces personnes sont souvent des femmes, et plus particulièrement des veuves», a dit le ministre des Finances, Jim Flaherty, dans son discours du budget.

À partir de 65 ans, Ottawa versera une prestation complémentaire au Supplément de revenu garanti (SRG), lui-même un complément à la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

Cette mesure apportera jusqu'à 600$ de plus par année à une personne âgée vivant seule, et jusqu'à 840$ pour les couples.

Mais ce complément diminuera rapidement dès que les aînés toucheront 2000$ de revenus autres que la PSV et le SRG, comme le démontre notre tableau préparé par Ernst&Young.

Pour une personne seule qui a des revenus de 3000$, le complément fond à 350$. Dès que les revenus excèdent 4400$, le complément disparaît entièrement et la personne âgée doit se débrouiller avec des revenus totaux de 16 400$ par année, en incluant la PSV et le SRG.

Or, de nombreuses personnes âgées ne réclament même pas ces sommes. Des études récentes ont démontré qu'environ 150 000 Canadiens admissibles ne touchent pas la PSV et le SRG.

«Il serait intéressant d'automatiser le versement de ces prestations pour que ça ne soit pas un fardeau administratif et que les gens ne soient pas obligés de faire la demande chaque année», suggère Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez Ernst&Young.

Aidants naturels

Ottawa annonce aussi un coup de pouce aux aidants naturels, un clin d'oeil aux libéraux qui se sont déjà engagés à verser des prestations aux aidants naturels à même la caisse de l'assurance emploi.

«Ces aidants familiaux font des sacrifices particuliers; ils doivent souvent quitter provisoirement le marché du travail et renoncer à un revenu d'emploi», a reconnu M. Flaherty.

Le gouvernement conservateur annonce donc la bonification et l'élargissement du crédit d'impôt pour les aidants familiaux.

Ottawa offre déjà un crédit aux personnes qui s'occupent d'une personne avec une déficience: enfant majeur, parent, grand-parent, frère et soeur. Désormais, le crédit sera aussi offert à ceux qui prennent soin de leur enfant mineur ou d'un conjoint avec une déficience.

Le crédit fédéral non remboursable de 15% s'appliquera à une somme de 2000$. Cela représente une économie d'impôt maximale de 251$ par an. Pour ceux qui avaient déjà droit au crédit, cette somme s'additionne à l'aide fédéral actuelle, portant leur économie d'impôt maximale à 800$ par année.

Sans compter l'aide de Québec, qui peut atteindre 1075$ par an. Dans son budget de la semaine dernière, Québec a d'ailleurs élargi son crédit pour l'offrir aussi aux aidants naturels qui prennent soin de leur conjoint de 70 ans et plus.

«C'est louable d'aider ces gens-là, dit Stéphane Leblanc, d'Ernst & Young. Mais c'est encore une nouvelle mesure qui s'ajoute. Et il faudrait peut-être penser à simplifier toutes les mesures qui s'adressent aux aidants afin de leur simplifier la vie.»

Le budget contient d'autres bonnes nouvelles pour les personnes ayant une incapacité et leurs proches.

Ottawa annonce l'élimination du plafond des frais admissibles pouvant être déclarés par un contribuable qui engage des frais médicaux pour une personne financièrement à sa charge.

De plus, le budget prévoit un assouplissement des règles entourant le Régime enregistré d'épargne-invalidité (REEI). Les personnes dont l'espérance de vie est réduite pourront retirer plus rapidement les sommes accumulées dans leur REEI, sans avoir à remettre les bons et subventions reçus du gouvernement au cours des 10 dernières années.