Après 12 jours de délibérations, le jury devant décider du sort des cinq coaccusés de Vincent Lacroix n'a toujours pas rendu son verdict. Fatigués, les jurés du procès Norbourg demandent quelques jours de repos à la fin du procès avant de reprendre leur vie normale et leur travail. Le procès dure depuis cinq mois et demi.

Appréhendant leur retour au travail, les 12 jurés ont demandé hier matin au juge Marc David d'écrire une lettre à leur employeur afin qu'ils puissent bénéficier de quelques jours de congé à la fin du procès Norbourg sans subir l'ire de leurs employeurs respectifs. «La préoccupation, c'est qu'ils sont fatigués et que ça fait 12 jours qu'ils sont séquestrés et incommunicado», a dit le juge Marc David, qui préside le procès depuis septembre dernier.

La Cour supérieure n'a pas l'autorité légale pour forcer les employeurs à donner congé aux jurés après la fin du procès. Conscient de l'ampleur de la tâche de son jury, qui doit rendre un verdict sur environ 615 chefs d'accusation dans une affaire complexe de fraude, le juge Marc David leur a toutefois accordé leurs honoraires de jurés de 90$ par jour pour cinq jours après la fin du procès. Il rédigera aussi une lettre suggérant à leurs employeurs de leur donner congé, mais cette lettre n'aura aucune valeur légale. «Je suis conscient que le travail que nous leur demandons est inhumain», a dit le juge David.

Suite des délibérations

Entretemps, les jurés entament ce matin leur 13e journée de délibérations au Palais de justice de Montréal. Ils sont encore plus persévérants que ceux du premier procès criminel dans l'affaire Norbourg, qui avait avorté après 11 jours de délibérations en janvier 2010.

À Montréal, le record du procès aux plus longues délibérations serait détenu par Giovanni Cazzetta, présumé chef des Rock Machines condamné de divers crimes par un jury après 17 jours de délibérations en 1999.

Hier après-midi, les jurés du procès Norbourg ont demandé à réécouter un deuxième témoignage du procès. Ils ont obtenu les cassettes du témoignage de Denis Senécal, directeur général de la Caisse populaire Desjardins de La Prairie, où Norbourg avait des comptes bancaires. Mardi dernier, le jury a réécouté le témoignage de Jean Hébert, ancien employé de l'Autorité des marchés financiers embauché chez Norbourg en 2004.

Le cofondateur de Norbourg, Serge Beaugré, le responsable des finances, Jean Cholette, l'informaticien Félicien Souka, l'ex-fonctionnaire Jean Renaud et le comptable Rémi Deschambault sont passibles de 14 ans de prison pour fraude et fabrication de faux documents. L'ex-PDG de Norbourg, Vincent Lacroix, a été condamné à 13 ans de prison en octobre 2009 dans le cadre du même procès. Il a obtenu sa libération conditionnelle en janvier dernier.