D'après les experts consultés, le Régime d'accession à la propriété (RAP) est toujours de plus en plus populaire. Mais est-il toujours souhaitable?

«Depuis les trois dernières années, avec la force du marché de l'immobilier, on assiste à une recrudescence du RAP. Les gens l'utilisent de plus en plus pour profiter du remboursement d'impôt à court terme ou pour pouvoir sortir de l'argent de leur REER sans être imposé», affirme Xavier Footman, spécialiste hypothécaire chez BMO Groupe financier.

«Effectivement, de plus en plus, les gens utilisent le RAP. À savoir si c'est une bonne affaire, je dirais que ça dépend toujours du client et de sa rigueur budgétaire», indique Denis Gaudreault, planificateur financier à La Capitale groupe financier.

Le remboursement et ses dangers

Quelqu'un qui retire des sommes de son REER avec le RAP doit les rembourser s'il ne veut pas être pénalisé fiscalement.

«C'est certain que le RAP oblige la personne à cotiser à son REER pour 15 ans, donc s'il arrive un coup dur, c'est un engagement additionnel», affirme Éric Marcoux, vice-président, administration, actuariat et développement de l'administration publique à La Capitale groupe financier.

Cela peut être particulièrement inquiétant pour une personne qui n'a jamais cotisé à son REER auparavant et qui, pour pouvoir bénéficier du RAP, a dû emprunter.

«La personne reçoit un remboursement d'impôt pour la somme empruntée qu'elle a déposée dans son REER pour un minimum de 90 jours. Le remboursement d'impôt a du sens, mais ça fait aussi une grosse somme à remettre dans son REER. Si la personne n'avait pas de REER, ni les fonds nécessaires à l'achat d'une maison, il faut se demander si elle a les moyens de devenir propriétaire et de commencer, en même temps, à faire des cotisations à son REER», indique M. Gaudreault.

Pour Xavier Footman, il est clair que pour que le RAP soit avantageux, il faut avoir les moyens d'épargner.

«Si, à la base, une personne n'a pas les moyens d'épargner, ce n'est pas le RAP qui va les lui donner! Par contre, le RAP peut lui donner un bon coup de pouce pour payer tous les frais relatifs à l'achat d'une maison, que ce soit l'inspection, la mise de fonds, le notaire, les meubles, les droits de mutation, etc.», indique-t-il en soulignant que, dans sa pratique, il voit beaucoup de jeunes professionnels dans la vingtaine qui ont pris l'habitude d'épargner.

Conseils personnalisés

Pour savoir si le RAP est souhaitable dans son cas, les experts consultés affirment qu'il est préférable d'aller chercher des conseils personnalisés.

«Par exemple, le RAP peut être intéressant pour quelqu'un qui peut ainsi arriver à mettre une mise de fonds suffisamment généreuse pour éviter d'avoir à payer la prime d'assurance de la SCHL qui est assez onéreuse», indique M. Marcoux.

Par contre, la personne qui retire 25 000$ de son REER doit être consciente qu'elle n'aura pas de rendement pendant 15 ans sur ces 25 000$.

«C'est certain qu'avec les rendements relativement bas des dernières années, les pertes subies par les clients qui retirent des sommes dans leur REER sont moindres, mais il faut tout de même considérer cet aspect», affirme M. Marcoux.

En somme, il ne faut pas oublier que les décisions relatives à l'achat d'une propriété et au RAP doivent se prendre en regardant sa situation financière complète.

«Il faut faire son budget, considérer toutes les dépenses relatives à l'achat d'une propriété et s'assurer qu'on sera à l'aise avec les paiements, ajoute M. Marcoux. Ensuite, il faut regarder si le RAP est avantageux dans son cas et si ce sera soutenable. L'idée, dans le fond, c'est de s'assurer que l'achat d'une maison soit un véritable événement heureux et non le début d'un enfer.»