Création non pas d'un, mais de deux parcs industriels, agrandissement du port de Valleyfield, création d'un incubateur industriel, investissements massifs dans les infrastructures: Salaberry-de-Valleyfield connaîtra d'importants changements au cours des prochaines années.

Les dirigeants de la ville de 40 000 habitants ont entrepris d'investir des millions de dollars dans son développement économique.

L'administration municipale prévoit dépenser plus de 100 millions d'ici cinq ans, ce qui comprend les travaux routiers qui s'inscrivent dans le remboursement de la taxe d'assise.

L'arrivée de la nouvelle autoroute 30 n'est pas étrangère à cette série d'initiatives. En fait, ce nouveau tronçon d'autoroute, qui coûtera la bagatelle de 1,5 milliard et qui devrait être en service le 1er janvier 2013, est en quelque sorte le chaînon manquant, la dernière pièce du puzzle qui permettra enfin à la ville, une île d'environ 100 km carrés, de se développer à sa pleine mesure.

«Nous sommes à proximité de Montréal, nous avons beaucoup d'espaces et nos terrains industriels seront les moins chers de la région (30 cents le pied carré). Et avec la 30 qui s'en vient, il y a déjà des entreprises qui veulent s'établir chez nous. Elles nous disent: on s'installe chez vous car on va être capables de rejoindre le marché nord-américain, mais aussi l'Europe grâce à votre port», explique Michel Joly, directeur des projets et adjoint au directeur général de la Ville.

Salaberry-de-Valleyfield possède le seul port municipal au Canada et la ville est desservie par les trois grands réseaux ferroviaires du continent (CP, CN et CSX). Il ne lui manquait plus qu'un lien routier digne de ce nom. Bientôt connectée à l'autoroute 30, la ville sera donc facilement accessible par les autoroutes 15, 20 et 40.

Dans la foulée, la Ville prend des initiatives en matière industrielle.

Elle va créer de toutes pièces un nouveau parc industriel de 20 millions de pieds carrés dans la région de Saint-Timothée, là où un nouveau pont enjambera le fleuve Saint-Laurent et reliera, dans un axe nord-sud, la 30 à l'autoroute 20.

Baptisé provisoirement «Carrefour 30-530», l'endroit sera en lien avec le pôle logistique que le Canadien Pacifique est en train de mettre en place sur la rive nord dans la municipalité de Les Cèdres, explique Michel Joly. «On ne veut pas être juste une zone de transit, mais aussi une zone de transformation», dit-il

Ce nouveau parc industriel, dans lequel la ville va injecter 5 millions d'argent frais en 2010, aura avant tout une vocation verte, c'est-à-dire qu'il comptera des entreprises spécialisées dans le recyclage et la revalorisation, un secteur pour lequel Salaberry-de-Valleyfield veut devenir rien de moins qu'un chef de file au Québec.

D'ailleurs, la ville compte déjà quelques acteurs dans le domaine, dont Ecycle Solutions, une PME d'Alberta spécialisée dans le recyclage de matériel électronique. Cette entreprise, qui appartient à la famille de l'ancien premier ministre Paul Martin, vient d'être inaugurée dans les anciennes installations de Gildan, dernier vestige de l'époque du textile qui a fermé ses portes en 2006 et laissé 350 personnes sans emploi.

La construction d'un nouvel incubateur industriel dans le carrefour 30-530 sera vraisemblablement devancé, puisque les travaux de la 30 ne seront complétés qu'en 2013. L'incubateur devrait donc voir le jour le jour en 2010 dans le parc industriel et portuaire Perron, dans la partie sud de la ville.

Le carrefour 30-530 n'est pas le seul parc industriel projeté par la Ville. Cette dernière est en pourparlers pour mettre la main sur le complexe Goodyear, un joyau de quelque 10 millions de pieds carrés, y compris l'usine de Goodyear qui fonctionne au tiers de sa capacité depuis 2007, année où 850 personnes ont été mises à pied par le géant du caoutchouc.

Déjà, la Ville a mis la main (pour 26 000$!) sur une parcelle de terrain de 40 0000 pieds carrés où sera érigé le nouveau poste de la Sûreté du Québec. Si elle réussit à s'entendre avec Goodyear, Salaberry-de-Valleyfield va également donner à ce parc industriel une vocation plus «soft, moins chimique», pour reprendre l'expression de Michel Joly.