Les adolescents dont la mère a eu une dépression dans l’année ayant suivi l’accouchement ont plus de problèmes à l’école et avec leurs amis, selon une nouvelle étude montréalaise. Les adolescents sont particulièrement touchés.

« Les mères qui ont des symptômes dépressifs après l’accouchement ont souvent une coparentalité plus difficile », explique l’auteure principale de l’étude publiée fin février dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, Linda Pagani, de l’Université de Montréal. « Et quand on est déprimée, on est plus irritable. La gestion d’un bébé est plus compliquée. Nous voyons que ça a des répercussions à long terme. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

La professeure titulaire à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, Linda Pagani

Est-il possible que les femmes qui sont plus à risque de dépression post-partum soient également plus à risque d’avoir des enfants avec de tels problèmes ? « Absolument, nous ne pouvons ignorer une contribution génétique », dit Mme Pagani. Des mesures de tempérament et neurocognitives en bas âge ont été utilisées pour réduire cette distorsion potentielle. De la même manière, des données sur les antécédents éducatifs et comportementaux des pères ont été prises pour réduire la distorsion qu’une contribution paternelle pourrait avoir sur le lien entre une dépression maternelle après l’accouchement et la sociabilité des enfants.

Garçons et filles

L’effet est légèrement plus grand pour les garçons que pour les filles, mais touche les deux sexes tout au long de l’enfance et de l’adolescence.

PHOTO FOURNIE PAR KIANOUSH HARANDIAN

La doctorante Kianoush Harandian

Il y a des relations plus difficiles avec la mère, plus de coercition [punitions] envers l’enfant, des repas en famille plus difficiles, des relations sociales plus difficiles à l’école, de la difficulté à respecter les règles, de l’agressivité et aussi plus de victimisation.

Kianoush Harandian, doctorante et coauteure de l’étude ayant fait l’analyse des données

Les résultats sont d’autant plus inquiétants qu’il s’agit d’enfants nés en 1997 et en 1998. « Ce sont des enfants qui ont grandi avant l’omniprésence des cellulaires, et pourtant, on voit ces conséquences importantes de la dépression dans la première année après l’accouchement, dit Mme Pagani. Aujourd’hui, on voit des parents arriver avec leurs enfants à la garderie les yeux rivés sur leur téléphone, on a de la misère à leur parler de ce qui se passe durant la journée. On sait que les écrans ont un effet nuisible sur les interactions entre parents et enfants, tant pour l’utilisation par les parents que par les enfants. C’est très probable que les conséquences des symptômes dépressifs post-partum soient aggravées de nos jours par les écrans. »

Les mères présentant des symptômes dépressifs sont plus susceptibles aujourd’hui d’utiliser des écrans pour occuper leurs enfants, dit Mme Pagani. « Cela signifie plus de temps solitaire et sédentaire et moins d’interactions sociales, ce qui ajoute au risque d’inadaptation. »

Télé dans la chambre

Les filles dont la mère avait eu beaucoup de symptômes dépressifs durant l’année après l’accouchement avaient deux fois plus de probabilités d’avoir une télé dans leur chambre à l’âge de 12 ans. Cette différence ne se retrouvait pas chez les garçons. En moyenne, le tiers des enfants de 12 ans avaient une télé dans leur chambre.

« Une télé dans la chambre, ça signifiait alors une moins grande implication des parents dans la vie de l’enfant, dit Mme Pagani. Aujourd’hui, la plupart des enfants ont l’équivalent d’une télé dans leur chambre, avec leur téléphone. »

En savoir plus
  • 23 %
    Proportion des Canadiennes qui rapportent des symptômes dépressifs dans l’année suivant un accouchement
    SOURCE : Statistique Canada