(Washington) Un ensemble de tests avancés n’a révélé aucune lésion cérébrale ni dégénérescence chez les diplomates américains et d’autres employés du gouvernement qui souffrent de problèmes de santé mystérieux autrefois surnommés « syndrome de La Havane », ont rapporté des chercheurs lundi.

Des diplomates canadiens et des membres de leur famille en poste à La Havane, à Cuba, ont également signalé des difficultés depuis 2017, notamment des maux de tête, des pertes de mémoire, une incapacité à se concentrer, des problèmes cognitifs et visuels, une sensibilité au bruit, des vertiges, des nausées, des troubles du sommeil, des changements d’humeur et des saignements de nez.

Au moins quinze Canadiens ont été touchés, rapportait Affaires mondiales Canada en 2022.

L’étude de près de cinq ans menée par les Instituts nationaux de la santé ne fournit aucune explication aux symptômes qui ont été signalés pour la première fois à Cuba en 2016.

Mais elle contredit certaines conclusions antérieures qui évoquaient le spectre de lésions cérébrales chez les personnes ayant subi ce que le département d’État appelle désormais des « incidents de santé anormaux ».

« Ces personnes présentent des symptômes réels et traversent une période très difficile, a déclaré le docteur Leighton Chan, le chef du service de médecine de réadaptation des NIH, qui a participé à la recherche. Ils peuvent être très profonds, invalidants et difficiles à traiter. »

Pourtant, des examens IRM sophistiqués n’ont détecté aucune différence significative dans le volume, la structure ou la matière blanche du cerveau ― signes de lésions ou de dégénérescence – lorsque les patients atteints du syndrome de La Havane ont été comparés à des fonctionnaires en bonne santé occupant des emplois similaires, dont certains dans la même ambassade. Il n’y avait pas non plus de différences significatives dans les tests cognitifs et autres, selon les résultats publiés dans le Journal of the American Medical Association.

Bien que cela ne permette pas d’exclure la possibilité d’une lésion transitoire au moment où les symptômes sont apparus, les chercheurs ont assuré que le fait de ne pas avoir détecté de marqueurs à long terme sur les images prises du cerveau ― qui sont typiques après un traumatisme ou un accident vasculaire cérébral ― était une bonne nouvelle.

« Cela devrait rassurer les patients, a estimé Louis French, coauteur de l’étude et neuropsychologue au Centre médical militaire Walter Reed National, qui traite le syndrome de Havana. Cela nous permet de nous concentrer sur le moment présent et de ramener les patients à leur état normal. »

Un sous-ensemble, environ 28 %, des cas de syndrome de La Havane ont été diagnostiqués avec un problème d’équilibre appelé vertige postural-perceptuel persistant (PPPD). Lié à des problèmes d’oreille interne ainsi qu’à un stress important, ce problème survient lorsque certains réseaux cérébraux ne présentent aucune lésion, mais ne communiquent pas correctement. Le professeur French l’a qualifié de « réponse inadaptée », tout comme les personnes qui se sont affaissées pour soulager leur mal de dos peuvent avoir des problèmes de posture même après la disparition de la douleur.

Les patients atteints du syndrome de La Havane ont fait état d’une plus grande fatigue, de symptômes de stress post-traumatique et de dépression.

Ces résultats sont les derniers en date des efforts déployés pour élucider un mystère qui a commencé lorsque le personnel de l’ambassade des États-Unis à Cuba a commencé à consulter des médecins pour des pertes d’audition et des bourdonnements d’oreilles après avoir signalé des bruits étranges et soudains.

Au début, on a craint que la Russie ou un autre pays n’ait utilisé une forme d’énergie dirigée pour attaquer les Américains. Mais l’année dernière, les agences de renseignement américaines ont déclaré qu’il n’y avait aucun signe d’implication d’un adversaire étranger et que la plupart des cas semblaient avoir des causes différentes, allant de maladies non diagnostiquées à des facteurs environnementaux.

Certains patients ont accusé le gouvernement de ne pas tenir compte de leurs maladies. Dans un éditorial publié lundi dans le JAMA, un scientifique a appelé à la poursuite des recherches afin de se préparer au prochain mystère sanitaire de ce type, tout en soulignant que la conception de l’étude des NIH et les limites de la technologie médicale existante pourraient avoir laissé échapper certains indices.

« On pourrait penser qu’il ne s’est rien passé de grave dans ces cas. Ce serait mal avisé », écrit le docteur David Relman, de l’université de Stanford. En 2022, il a fait partie d’un groupe d’experts nommés par le gouvernement qui n’a pas pu exclure qu’une forme d’énergie pulsée puisse expliquer un sous-ensemble de cas.

L’étude des NIH, qui a débuté en 2018 et a inclus plus de 80 patients atteints du syndrome de La Havane, n’a pas été conçue pour examiner la probabilité d’une arme ou d’un autre déclencheur des symptômes. Selon le docteur Chan, les résultats ne contredisent pas les conclusions des agences de renseignement.

Si un « phénomène externe » est à l’origine des symptômes, « il n’a pas entraîné de changement physiopathologique persistant ou détectable », a-t-il déclaré.