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Serait-il possible d’utiliser l’éolien ou le solaire pour recharger une voiture électrique ?
– Manon Clark

Oui, mais il faut pour cela une capacité de stockage d’énergie importante.

« Si on veut avoir une capacité suffisante pour recharger sa voiture chaque jour, il faut facilement deux fois plus de batteries que pour un chalet hors réseau normal », explique Marco Deblois, cofondateur de Rematek Énergie, un distributeur de produits d’énergie renouvelable qui a créé un logiciel de conception d’installations électriques hors réseau.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Marco Deblois, cofondateur de Rematek Énergie

Les installations électriques solaires hors réseau n’alimentent généralement pas les systèmes de chauffage ni le chauffe-eau – plutôt l’éclairage et les électroménagers, selon M. Deblois.

Pour le trajet quotidien typique d’un Québécois en véhicule, qui est de 60 km, il faudrait une installation de stockage d’énergie de 10 kWh, comparativement à de 5 à 10 kWh pour une résidence hors réseau typique, selon M. Deblois.

Oumarou Savadogo, titulaire d’une chaire en énergie durable à Polytechnique Montréal, estime à 60 kWh le stockage d’énergie requis pour recharger totalement sa voiture, été comme hiver.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Oumarou Savadogo, titulaire d’une chaire en énergie durable à Polytechnique Montréal

L’ensoleillement à Montréal varie de 1 à 6 kWh par mètre carré par jour, selon le mois. Alors, une puissance installée de 30 kW permettrait de recharger sa voiture neuf mois par année. Au cœur de l’hiver, il faudrait utiliser une génératrice.

Oumarou Savadogo, titulaire d’une chaire en énergie durable à Polytechnique Montréal

Pour ce qui est du choix de l’énergie solaire ou éolienne, il est simple : « Il n’existe pas vraiment de petits systèmes éoliens abordables et il y a trop de variabilité », dit M. Deblois. Il vaut donc mieux choisir le solaire.

Latitude

À noter, l’ensoleillement diminue peu avec la latitude. Il varie d’une moyenne annuelle par jour de 4,34 kWh/m⁠2 à Montréal à 4,01 kWh/m⁠2 à Mont-Tremblant, selon M. Deblois.

Autre élément à considérer : les distances parcourues chaque année sont de 30 % à 50 % plus grandes en région éloignée, selon Statistique Canada. La proportion des voitures totalement électriques est d’ailleurs six fois plus importante dans la région métropolitaine de Montréal que dans les régions éloignées comme la Côte-Nord ou l’Abitibi-Témiscamingue. La différence entre villes et régions éloignées est moins grande pour ce qui est des voitures hybrides, qui peuvent carburer à l’essence.

Selon M. Deblois, une installation de 20 kWh (soit le tiers du stockage d’énergie requis pour recharger totalement sa voiture, 12 mois par an) avec des panneaux solaires pourrait coûter quelques dizaines de milliers de dollars, en fonction de l’installateur.

Quel type de batterie privilégier ? « Le lithium-ion, plus cher, mais plus durable que les batteries traditionnelles, dit M. Deblois. À long terme, ça vaut la peine, particulièrement si on utilise souvent une proportion importante de l’énergie emmagasinée dans la batterie. »

Pour les gens branchés au réseau électrique, mais qui veulent pouvoir recharger leur voiture lors de pannes, le lithium-ion peut aussi avoir des avantages. « Elles perdent moins leur charge que les batteries traditionnelles, dit M. Savadogo. Le lithium-ion perd 4 % de sa charge par mois les trois premiers mois, mais seulement 2 % après. »

Une version précédente de cet article utilisait erronément l'unité de kWh pour la puissance et ne précisait pas que les données d'ensoleillement étaient par jour.

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