Gordon Osinski a passé les vingt dernières années à scruter à la loupe les cratères laissés par les météorites.

L’analyse de la géologie planétaire a amené ce professeur d’université de l’Ontario à parcourir le monde. Ses compétences l’ont aussi mené à faire partie maintenant de l’équipe de la NASA qui élaborera le programme scientifique pour étudier la surface lunaire, alors que des humains y marcheront pour la première fois depuis plus de 50 ans.

Le professeur Osinski est le seul Canadien à faire partie de l’« équipe géologie » récemment annoncée par la NASA pour la mission Artemis III – celle qui prévoit de se poser et de marcher sur la Lune. Les experts planifieront les tâches scientifiques qui seront effectuées par les astronautes qui devraient atterrir près du pôle sud de la Lune dès décembre 2025.

PHOTO GORDON OSINSKI, FOURNIE À LA PRESSE CANADIENNE

L’astronaute David Saint-Jacques, à gauche, et Gordon Osinski, lors d’une expédition en 2014

« Pour être bien honnête, ça semble encore assez surréaliste, a admis M. Osinski, professeur de sciences de la Terre à l’Université Western, lors d’un entretien téléphonique. C’est encore en train de percoler dans ma tête. »

La NASA prévoit plusieurs missions Artemis, qui ramèneront des humains sur la Lune et exploreront davantage la surface lunaire dans le but d’utiliser ces résultats pour une éventuelle mission vers Mars.

La mission Artemis II – qui comprend l’astronaute canadien Jeremy Hansen – enverra un équipage de quatre personnes dans l’espace dès novembre de l’année prochaine pour une manœuvre de survol de la face cachée de la Lune. Ce sera la première fois qu’un être humain s’aventurera aussi loin de la Terre.

La mission Artemis III sera la première mission avec équipage à se poser sur le pôle sud lunaire – et un premier alunissage depuis Apollo 17, en 1972.

L’équipe de géologues dont fait partie le professeur Osinski planifiera les tâches scientifiques des astronautes lors de leurs marches sur la Lune. Les astronautes feront notamment la collecte d’échantillons lunaires, d’images et de mesures scientifiques. Les échantillons et les données collectées aideront à approfondir la compréhension des processus planétaires fondamentaux, a déclaré la NASA.

« Artemis III va atterrir dans la région du pôle sud, où il y a de très nombreux cratères, a souligné le professeur ontarien. La NASA n’a pas encore annoncé où se trouvera précisément le site d’atterrissage, alors à ce moment-là, nous ferons beaucoup de travail avec toutes les images satellites disponibles pour élaborer un plan pour les sites que les astronautes visiteront, je l’espère. »

M. Osinski est également le responsable scientifique pour la toute première mission de l’astromobile de fabrication canadienne, le véhicule lunaire qui devrait rouler dès 2026 sur la surface du pôle sud.

M. Osinski, âgé de 47 ans, a grandi au Royaume-Uni et a déménagé au Canada en 1999. Il a commencé à enseigner à l’Université Western, à London, en 2007. Bien qu’il ait toujours été intéressé par la science en général, il qualifie de « vocation tardive » son profond intérêt pour l’espace.

Ce n’est qu’après avoir déménagé au Canada et travaillé avec la NASA et l’Agence spatiale canadienne qu’il a développé une véritable fascination pour l’exploration spatiale, raconte-t-il. « Depuis, ça s’est simplement élargi et a fait boule de neige. »

« Il y a actuellement plus de scientifiques, d’ingénieurs et d’autres professionnels canadiens qui sont impliqués dans diverses missions, non seulement avec la NASA, mais avec diverses agences spatiales du monde entier, et dans plus de missions spatiales canadiennes qu’à toute autre époque », souligne le géologue.