Un satellite international qui a décollé vendredi sur une fusée de SpaceX permettra de révolutionner la surveillance des plans d’eau et des milieux humides au Canada et ailleurs.

« On va pouvoir voir tous les lacs de 250 mètres sur 250 mètres et les rivières de plus de 100 mètres, probablement moins », a expliqué lors d’une séance d’information Mélanie Trudel, professeure de génie civil à l’Université de Sherbrooke, qui fait partie de l’équipe scientifique du satellite SWOT (topographie des eaux de surface et des océans). « C’est le premier satellite qui va mesurer le niveau des eaux intérieures et pour les océans, on aura une précision beaucoup plus grande. »

SWOT est en préparation depuis 15 ans et Mme Trudel y travaille depuis 2015. Elle contribuera notamment à la calibration des instruments du satellite. Pendant les premiers mois de sa mission, il sera légèrement plus bas que lors de la phase opérationnelle, à 857 km contre 891 km. Il pourra donc voir les mêmes plans d’eau plus fréquemment, notamment le lac Saint-François, où l’équipe de l’Université de Sherbrooke prendra simultanément des mesures directes du niveau de l’eau.

Des données de niveau d’eau sont prises régulièrement pour 3000 lacs seulement sur le million de lacs du Canada qui sont susceptibles d’être observés par SWOT, selon Mme Trudel. Le satellite surveillera les plans d’eau de 90 % de la surface de la planète. Il passera au-dessus du même point toutes les trois semaines.

Pour la première fois, on pourra voir les petits tourbillons dans les cours d’eau qui sont très importants pour les échanges de chaleur et de carbone. On va aussi pouvoir observer les milieux humides.

Mélanie Trudel, professeure de génie civil à l’Université de Sherbrooke

Les petits courants le long des côtes seront aussi mieux compris, a indiqué Guoqi Han, chercheur à Pêches et Océans Canada, durant la séance d’information organisée jeudi par l’Agence spatiale canadienne. Toutes ces informations seront cruciales pour comprendre l’impact des changements climatiques sur le niveau des lacs, l’assèchement des milieux humides et les risques d’inondation.

SWOT a aussi une capacité unique de prendre des mesures sur une bande, plutôt que seulement à des points précis, a souligné Vincent Fortin, d’Environnement Canada, lors de la séance d’information. « C’est important parce que le niveau d’eau sur un plan d’eau n’est pas égal partout. »

La mission de SWOT ne durera que trois ans. Son budget est de 1,1 milliard US. Outre la NASA et l’Agence spatiale canadienne, leurs vis-à-vis de la France et du Royaume-Uni participent au programme.

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  • 62 %
    Proportion des lacs de la planète qui sont situés au Canada
    Source : Université de Sherbrooke