La dernière fois que l’Humain s’est rendu sur la Lune, le satellite était une destination.

40 jours

La mission Artemis 1 doit décoller lundi matin à 8 h 33, à moins d’un imprévu. Elle se dirigera vers la Lune, où elle passera entre 39 et 42 jours. « On veut tester tous les systèmes, du lancement jusqu’à la récupération de la capsule », explique Isabelle Tremblay, directrice, astronautes, sciences de la vie et médecine spatiale, à l’Agence spatiale canadienne (ASC). « Il faut voir si les conditions environnementales sont celles qu’on attend, que tout fonctionne parfaitement, avant d’envoyer des astronautes. » Les données de la mission, par exemple les accélérations, vibrations et radiations, seront scrutées à la loupe par la suite. « Les missions Artemis et sur la station spatiale Gateway seront beaucoup plus longues et éloignées que celles d’Apollo », ajoute Mme Tremblay. Les missions lunaires Apollo duraient entre dix jours et deux semaines. Le programme Apollo a aussi eu une mission inhabitée autour de la Lune, Apollo 6, en 1968.

Artemis 2

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’AGENCE SPATIALE CANADIENNE

Les astronautes canadiens Jeremy Hansen, Jenni Sidey-Gibbons, Joshua Kutryk et David Saint-Jacques

Un astronaute canadien participera à la deuxième mission Artemis, qui va rester en orbite autour de la Lune sans alunissage et n’aura pas lieu avant 2024. Il sera choisi parmi les quatre astronautes actuels : David Saint-Jacques, Jeremy Hansen, Jenni Sidey-Gibbons et Joshua Kutryk. Pour la mission avec alunissage, Artemis 3, il n’y aura pas de Canadien. Artemis 3 est prévue au plus tôt en 2025. Est-ce que l’un des quatre astronautes canadiens fera un alunissage par la suite ? « C’est possible, répond Mme Tremblay. Il n’y a pas encore de plans, mais si on contribue suffisamment au programme, oui. » Dans un essai publié cette semaine dans la revue Aviation Week, l’ancien astronaute Harrison Schmitt a proposé qu’une mission d’Artemis explore le pôle Sud de la Lune, où on trouve de la glace dans des cratères.

La station Gateway

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Impression d’artiste de la station Gateway

Un astronaute canadien participera toutefois à une mission vers la station lunaire Gateway, dont le lancement est prévu fin 2024. L’ASC contribue avec un bras robotique, le Canadarm3, pour Gateway. La raison pour laquelle Artemis 1 durera aussi longtemps est que Gateway sera située plus loin de la Lune qu’aucune mission habitée. Son orbite elliptique l’amènera jusqu’à 70 000 km de la surface lunaire. Le programme Artemis et les expériences qui seront effectuées à bord de la station Gateway ouvriront la voie vers la prochaine destination des missions habitées : Mars.

Le Canada et la Lune

Isabelle Tremblay estime que le Canada doit participer à la « nouvelle économie lunaire » qui va être développée à partir des ressources minières de la Lune. « Le Canada sera le deuxième pays à envoyer un astronaute en orbite lunaire. Je crois que ça reflète nos capacités, dit Mme Tremblay. C’est la première étape vers l’exploration de Mars. Étendre notre présence ailleurs que sur la Terre fait partie de notre instinct comme espèce vivante. Ça démontre nos capacités et c’est rassurant quant aux moyens d’améliorer nos conditions de vie. »

Défense anti-astéroïdes

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Les « cubesats » qui seront déployés par Artemis 1

Artemis 1 amènera aussi en orbite dix « cubesats », des petits satellites de moins d’un mètre de diamètre. La plupart examineront la Lune, notamment un atterrisseur japonais. Mais l’un des cubesats, Biosentinel, examinera l’effet des radiations spatiales près de la Lune sur la croissance d’une levure. Et un autre, NEA Scout, se rendra vers un astéroïde croisant l’orbite de la Terre (near-Earth asteroid). « Ce sera un astéroïde de la taille de celui qui a causé des dommages à Tcheliabinsk, en Russie, en 2013 », explique Julie Castillo-Rogez, de la NASA, qui est directrice scientifique de NEA Scout. « C’est important pour la défense planétaire. Nous allons nous approcher et survoler l’astéroïde très lentement pour déterminer s’il s’agit d’un amas de poussière ou d’un noyau solide. Ça permettra, si besoin est, de déterminer le type de dommages que peut causer un tel astéroïde et comment dévier sa trajectoire. » L’astéroïde de Tcheliabinsk avait un diamètre estimé à 20 mètres.

Les voiles solaires

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Impression d’artiste de NEA Scout et sa voile solaire

NEA Scout sera aussi la première mission d’exploration utilisant des voiles solaires, qui propulsent une sonde grâce aux photons du Soleil. « C’est la propulsion spatiale du XXIe siècle », explique Les Johnson, responsable de NEA Scout à la NASA, qui travaille depuis 20 ans sur les voiles solaires. « C’est une technologie qui nous permettra l’exploration d’autres systèmes solaires, parce qu’on peut atteindre des vitesses très élevées. » Éventuellement, la défense de la Terre contre les astéroïdes pourrait être assurée par des centaines de cubesats mus par des voiles solaires, lesquels examineraient de près des astéroïdes menaçants, selon M. Johnson.

En savoir plus
  • 90 milliards US
    Budget estimé du programme Artemis d’ici 2025
    SOURCE : NASA