(Pompano Beach) Terry Colli et trois autres résidants de la maison pour aînés John Knox Village ont visité la Station spatiale internationale lors du lancement d’une étude de l’Université Stanford qui tentera de déterminer si la réalité virtuelle peut améliorer leur bien-être émotionnel.

Enfilant un casque audio-vidéo pesant environ 500 grammes, les quatre résidants ont pu s’imaginer flottant en apesanteur avec les astronautes et visitant la station. D’autres programmes permettent aux aînés de visiter (virtuellement) Paris, Venise, l’Égypte ou d’autres destinations ; de participer à un rallye automobile ; de sauter en parachute ; ou de partir en randonnée.

« Je me sens très bien. C’est fantastique. C’est comme si on y était vraiment », a dit M. Colli, un homme de 73 ans qui était jadis le porte-parole de l’ambassade canadienne à Washington.

Le Virtual Human Interaction Lab de Stanford travaillera avec les 1200 résidants de John Knox, qui auront accès à l’équipement nécessaire sous la supervision du personnel. L’objectif est de déterminer si la réalité virtuelle peut améliorer l’humeur des résidants, renforcer leurs liens avec le personnel et les rendre plus réceptifs à d’autres technologies. L’université californienne ajoutera bientôt d’autres résidences des États-Unis et d’ailleurs à son programme.

La réalité virtuelle synchronise ce que l’utilisateur fait avec ce qu’il voit et ce qu’il entend. Lors d’une visite virtuelle à Paris, par exemple, l’utilisateur pourrait tourner à gauche et voir la tour Eiffel et un musicien, puis tourner à droite et apercevoir deux personnes en train de jaser. S’il s’approche d’elles, le son de la conversation augmentera, tandis que celui du musicien diminuera.

« Il y a passablement d’études scientifiques qui démontrent que la réalité virtuelle, quand elle est utilisée correctement, peut aider à diminuer l’anxiété, améliorer l’humeur et réduire la douleur, a dit le fondateur du laboratoire de Stanford, Jeremy Bailenson. Cette étude se concentre spécifiquement sur la manière dont la réalité virtuelle pourrait atténuer le sentiment qu’ont les résidents d’être coupés du monde extérieur, surtout dans le contexte de la pandémie. »

Lors d’une récente démonstration à la résidence en banlieue de Fort Lauderdale, en Floride, M. Colli, Anne Selby (77 ans), Mark Levey (64 ans) et Hugh Root (92 ans) ont bougé la tête de gauche à droite et de haut en bas pendant qu’ils visitaient la station spatiale.

« On dirait vraiment qu’on voyage, et nous ne sommes pas seuls. Dans certaines vidéos, il y a des gens », a dit M. Levey, un ancien employé fédéral.

Mme Selby, une artiste, a admis avoir ressenti une certaine nausée en visitant la station spatiale tant c’était réaliste, mais qu’elle a pu surmonter son malaise en respirant profondément. « Peu importe mon âge, j’étais vraiment dedans », a-t-elle dit.

M. Root, un ancien assureur, a été franc : « Je suis époustouflé. »

Chris Brickler, le patron de MyndVR, la compagnie de Dallas qui a fourni l’équipement, a dit qu’on s’assurera que tous les participants ont les aptitudes mentales nécessaires pour affronter la réalité virtuelle et que le personnel a la capacité d’interrompre instantanément l’expérience si elle devient trop intense.

« En vieillissant, on voit ce que peut entraîner un manque de mobilité, a-t-il dit. On ne peut pas voyager autant qu’on le voudrait, on ne peut pas aller en nature autant qu’on le voudrait. On perd de nombreuses connexions et les murs se referment sur nous. Nous avons essayé de créer une plateforme qui ramène le monde. »

Monica McAfee, la responsable du marketing de John Knox, dit que les dirigeants de la résidence croient que la réalité virtuelle aide les résidants — on l’utilise sur une base limitée depuis trois ans — mais que l’étude de Stanford « fournira les données empiriques ».

Par exemple, a-t-elle ajouté, on veut savoir si la réalité virtuelle peut combattre la dégradation de l’humeur qui survient souvent en fin de journée chez les résidants atteints de démence.

« Est-ce qu’on peut changer ça en leur faisant apprécier quelque chose ? », a-t-elle demandé.

Erica Neely, une professeure de philosophie de l’université Northern Ohio qui étudie l’éthique technologique, croit qu’il est important que les participants à l’étude de Stanford fournissent un consentement éclairé, qu’ils soient triés sur le volet et qu’ils n’utilisent jamais l’équipement seuls, surtout au début.

« On ne voudrait surtout pas que quelqu’un reste coincé dans l’expérience s’ils paniquent et s’ils ne comprennent pas comment l’éteindre, a-t-elle dit. Le fait que le participant soit accompagné est génial. L’idée d’accompagner les gens dans un espace virtuel comme on les accompagnerait dans un espace réel est excellente. »