Le ministre allemand de la Santé a présenté lundi une initiative multipartite pour introduire le consentement présumé en matière de dons d'organes, une proposition dénoncée par certains qui évoquent un problème éthique et craignent une obligation de donner.

Ce texte, porté par le ministre conservateur Jens Spahn, des sociaux-démocrates et des membres de la gauche radicale (Die Linke), prévoit que les Allemands seront considérés comme donneurs en cas de mort cérébrale, à moins de s'être inscrits sur un registre de refus ou de l'avoir signifié à leurs proches.

Si plus de 80% de la population juge le don d'organes nécessaire selon M. Spahn, la réalité est qu'en 2017 les dons effectifs ont connu leur plus bas niveau historique, avec moins de 800 transplantations. En 2018, elles étaient de 955, pour 10 000 patients en attente.

En France, où le consentement présumé est la règle, 5781 greffes ont été réalisées l'an dernier.

«C'est un argument très important que de dire que chacun d'entre nous pourrait avoir besoin d'un don d'organe demain», souligne le ministre du parti conservateur CDU d'Angela Merkel.

«Aujourd'hui encore, trois êtres humains vont mourir parce qu'on n'a pas pu leur trouver un organe», a souligné de son côté Petra Sitte, députée de Die Linke, alors qu'environ 2000 patients meurent chaque année dans l'attente d'un organe.

Une partie de la classe politique reste opposée au principe du consentement présumé, y voyant selon les cas une atteinte à la liberté de disposer de son corps ou un problème éthique.

«Personne ne sera forcé à quoi que ce soit, mais avec cette loi, on va amener les gens à réfléchir à un sujet que la société a malheureusement réprimé», relève le député de la droite bavaroise (CSU) Georg Nüsslein.  

«Il va y avoir un débat, une discussion controversée qui ira au-delà des groupes parlementaires», a-t-il reconnu.

Dans la famille politique conservatrice, le sujet divise, à l'instar du député CSU Stephan Pilsinger qui craint de voir des «êtres humains» devenir des «hangars de stockage de pièces détachées».

Actuellement, seules les personnes inscrites sur le registre correspondant sont considérées comme donneuses d'organes. Un tiers environ de la population y est enregistré.